Après 4 jours dans le centre rouge et un retard significatif de notre avion (cf. Article précédent), c’est à Cairns que nous faisons escale les jours suivants.

La ville est connue comme l’une sinon la plus grande porte d’entrée vers la grande barrière de corail. En réalité, les récifs coraliens s’étendent sur presque toute la côte Est du Queensland et il est possible de faire des excursions depuis bien d’autres villes. Elle est cependant la ville touristique connue par excellence pour cette activité, a l’énorme avantage de disposer d’un aéroport, et d’être située vers le Nord de la côte Est, un bon point pour notre projet de road trip.

Alors, avant de continuer, une note très importante si vous voulez passer pour un local (pendant 3 secondes), et pour une raison totalement obscure qui nous dépasse complètement : il ne faut PAS prononcer le “r”.

C’est donc à “Cains” que nous posons nos sacs pour 2 jours. Après l’arrivée un peu chaotique à l’aéroport et la fin des navettes, nécessitant de nous trouver un chauffeur, nous arrivons à l’hôtel pour backpackers après les heures d’ouverture. Nous arrivons malgré tout à retrouver nos clés grâce à un mini-jeu de piste passionnant. Nous déposons nos affaires et allons faire un tour en ville.

L’hôtel est situé face à la mer, et nous atteignions donc instantanément l’esplanade bordant celle-ci sur plusieurs kilomètres. L’atmosphère est très différente de celle que nous venons de quitter dans le centre rouge : il fait toujours chaud mais l’humidité dans l’air est bien plus importante. On se rapproche cette fois bien du hammam et non plus du sauna, quoique modéré à cette heure.

Nous croisons quelques échassiers et nous contemplons l’océan à marée basse laissant entrevoir un sol très vaseux. La ville ne possède effectivement aucune plage naturelle et les amateurs de bronzage ou de baignade préfèreront les nombreuses plages aux alentours, pour peu d’être véhiculé. Ceci dit, même sur les plages, la baignade est compliquée dans cette partie de l’Australie, comme nous le rappellent de nombreux panneaux sur la côte. Les eaux chaudes attirantes pour l’homme ont aussi un effet attractif sur une faune très dangereuse, crocodiles et méduses mortelles (les fameuses “box jellyfish”) en tête. Se baigner en dehors de zones protégées par des filets (assez rares) est donc découragé par les autorités locales et engage sa responsabilité propre.

Jour 1

Nous nous réveillons de bon matin et nous hâtons de libérer notre chambre (pour ne pas payer de pénalités importantes, ça ne rigole pas !). L’hotel faisant aussi des réservations d’activité, nous profitons des réductions offertes aux pensionnaires pour réserver une journée de plongée bouteilles sur la grande barrière de corail, et ce dès le lendemain, les conditions météo étant très favorables ! Petite appréhension pour notre première journée de plongée en milieu naturel que nous avions prévue un peu plus tard !

Prochaine étape : la récupération de notre compagnon de route pour les 16 jours suivants de road trip sur la côte Est, de “Cains” à Melbourne. Nous filons pour une marche traversant le centre ville avec nos sacs à dos pour rejoindre l’agence de location de campervans, malheureusement difficile d’accès pour des piétons …

Cette balade nous permet de repérer plusieurs zones intéressantes que nous n’avions pas vues la veille. Grosse surprise dans le lot, la ville propose pour les amateurs de baignade frustrés de ne pas pouvoir se jeter dans l’océan un “lagon” public, tout proche de la côte. Cette piscine d’eau salée est surveillée, complètement gratuite et librement accessible !

Le début de l’entretien avec la société de location commence bien car nous profitons d’un surclassement : plus de confort, GPS, caméra de recul et toute la panoplie, et même 4 couchages. La suite se corse : les cartes bancaires ne veulent pas payer à la fois les 16 jours de réservation et (surtout) la caution qui pète les plafonds ! Nous galérons à trouver une solution, l’augmentation de plafond via l’appli ne fonctionnant pas et aucune de nos cartes bancaires n’étant compatissante … Il doit être 2h du matin en France et appeler les banques n’est pas possible. Que faire ? Heureusement, à force d’acharnement, une manip’ via le site web de la banque résoudra le problème. Ouf !

Nous sommes ainsi les heureux locataires d’un super bolide ! Visez un peu !

Notre super engin en poche, première prise en main. La conduite a gauche a déjà été expérimentée dans le centre rouge, il ne reste plus qu’à gérer les dimensions de notre monture. À notre grande surprise, il se conduit super bien ! Un peu de difficulté à nous centrer sur la voie mais sinon le véhicule se conduit presque tout seul. Nous voilà libres de nos mouvements et en profitons tout de suite pour quitter les zones à touristes et rejoindre des zones pour locaux, notamment pour faire des courses normales et éviter de manger au restaurant à chaque repas.

Une fois les provisions faites, nous nous postons sur un parking pour prendre en main le van en terme de passage du mode jour au mode nuit, l’activation de la source d’eau et autres détails d’utilisation au quotidien. L’engin est vraiment bien fichu : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. Le moindre milimètre est exploité, que ce soit pour stocker le mini-frigo, l’évier, et les ustensiles de cuisine, ou pour transformer l’espace tables + banc du mode jour en lit pour la nuit.

Prise en main effectuée, une nouvelle balade sur la côte de “Cains” s’impose. Nous refaisons le chemin du matin mais sans charge dorsale. Nous arrivons alors au lagon public où nous faisons une pause baignade. Nous reprenons notre route pour repérer sur les quais où se trouve notre compagnie pour la plongée le lendemain matin et passons devant un autre équipement public qui nous fait rêver : un barbecue électrique ! Nous en reverrons beaucoup pendant notre voyage : ces barbecues sont utilisables par n’importe qui. Il suffit d’appuyer sur un bouton pour l’allumer et celui-ci s’éteint automatiquement au bout de quelques temps. Les australiens sont les rois de l’équipement public gratuit et semblent en prendre soin !

De retour à notre véhicule, nous prenons notre premier repas de vagabonds sur le parking. Après une petite hésitation pour dormir sur place, nous constatons qu’il est officiellement interdit de le faire (des pancartes disent explicitement dans le pays qu’il est interdit de camper, le cas échéant, dans chaque parking ou zone où peuvent se trouver des voitures, preuve de l’importance de cette activité en Australie). Nous prenons donc le volant pour trouver un parking un peu plus loin non éclairé et sur lequel se trouve déjà un van. Installation du mode nuit et hop, au lit !

Jour 2

Nous sommes réveillés par le bruit de la pluie, assez étrange car intermittente avec une régularité impeccable. En sortant du véhicule, nous nous rendons compte que ce sont en fait les arroseurs automatiques du gazon le plus proche qui sont en marche. Le ciel est comme depuis que nous sommes en Australie : bleu sans aucun nuage. La pluie doit être une légende ici. Au passage, nous nous apercevons, la lumière du jour aidant, qu’il est aussi interdit de camper sur ce parking … Oups !

Quoiqu’il en soit, nous ne pouvons pas traîner : le bateau nous attend pour cette journée dédiée à la plongée sur la grande barrière de corail ! Après une bonne demie-heure de marche et quelques détails administratifs, nous sommes autorisés à grimper dans le bateau. Ayant pris le maximum de plongées bouteille pour la journée, l’équipage nous informe que nous allons être très occupés. Cette journée promet d’être épique !

La journée commence par un moment assez solennel : remplir des papiers indiquant à peu près que si l’on décède, ce n’est pas de leur faute. Bonne ambiance pour notre première fois ! Sur un second papier, nous devons indiquer notre expérience, pour la constitution des groupes. Au vu du premier papier, nous insistons pour dire au directeur de plongée que nous n’avons aucune expérience en milieu naturel et que nous venons d’obtenir notre niveau 1, histoire de se faire étiquetter “débutant” dès le départ.

Le bateau démarre et notre directeur de plongée nous rappelle toutes les consignes de sécurité à la surface et sous l’eau, nous décrit le fonctionnement de notre équipement ainsi que les consignes d’organisation sur le bateau, indispensables à près de 80 personnes à bord dont une bonne quinzaine de plongeurs bouteille.

Les plongées du jour auront lieu sur le récif de Flynn, situé au large de Cairns dans la zone des récifs “extérieurs” (Outer Reef) offrant une meileure visibilité et biodiversité que les récifs “intérieurs” (Inner Reef) plus proches de la côte et donc plus affectés par l’activité humaine. Au delà des récifs extérieurs, la profondeur augmente drastiquement et nous arrivons dans ce que l’on appelle la “mer de corail”.

(Source: Site de la compagnie Silverswift).

Première plongée

Après une bonne heure pour rejoindre le récif, nous descendons pour nous équiper. Le niveau dédié à la plongée est super bien organisé : les bouteilles pré-équipées des gilets et détendeurs sont alignées derrière des bancs et il suffit de s’asseoir à sa place pour enfiler tout l’équipement d’un coup. Les ensembles masques + tubas sont juste au dessus et les ceintures avec les poids sont dans une caisse sous le banc. Tout est fait pour limiter les déplacements sur le bateau. Richie, notre guide de palanquée spécial débutant, nous donne deux combinaisons : une fine en lycra intégrale pour éviter les contacts avec les méduses, une autre plus grosse sans gants ni capuche en néoprène pour gérer le froid. Nous essayons vaillament de rentrer dans nos combinaisons, étape plus longue que prévue car très proches du corps, vérifions nos équipements (quantité d’air disponible, fonctionnement des gilets et des détendeurs), enfilons le tout, et attendons patiemment l’arrivée sur le site précis de plongée, dénommé “Ski Slope” (“pente de ski” littéralement). Appréhension maximale mais on sourit pour la photo !

Une fois l’ancre jetée, nous sommes invités à nous déplacer en zone de débarquement, où nous pouvons enfiler nos palmes. Le guide de palanquée nous suggère de nous jeter à l’eau en premier, en tant qu’extrêmes débutants, afin de prendre le temps de descendre à 10m de profondeur via des cordes prévues à cet effet. Un coup de solution anti-buée dans le masque et nous voilà sur le pont, au bord du bateau, prêt à faire un beau saut droit pour nous immerger. Une lifeguard vérifie une dernière fois nos équipements, et rythme notre immersion par un “one, two, three, go”. Nous faisons un grand pas en avant dans le vide, comme appris dans notre club, et nous amérissons comme des chefs, nos gilets gonflés nous maintenant à la surface. Nous nous rapprochons de la corde s’enfonçant doucement dans les profondeurs et entamons notre immersion vers les 10m en dégonflant progressivement nos gilets, tout en gérant la pression dans nos oreilles le plus souvent possible. Une fois en bas, nous attendons patiemment les autres membres de notre palanquée, puis nous livrons à la session photo règlementaire.

La première plongée n’est pas si évidente à gérer pour tout le monde. Anthony se retrouve à beaucoup se focaliser sur sa respiration et ses oreilles lors des descentes plutôt qu’à profiter de l’environnement tandis que Marine a du mal à descendre, son lestage apparemment insuffisant. Malgré tout, nous arriverons rapidement à relever ces premiers challenges et suivre la palanquée à 20m de profondeur pour explorer les lieux.

Autour de nous, l’environnement est superbe. Nous découvrons de nombreux coraux et poissons de toutes les tailles, aux multiples couleurs chatoyantes, et aux formes parfois improbables. Marine n’ayant malheureusement pas de masque à sa vue, la scène lui apparaît telle une toile impressioniste. Heureusement, nous étions accompagnés d’un photographe !

Au total, la plongée dure une quarantaine de minutes. Nous reprenons nos places sur le bateau, près de nos équipements. La seconde plongée est prévue peu de temps après et nous avons pour consigne de conserver nos combinaisons et de ne pas quitter la zone. Les blocs de retour à leur place, le remplissage express peut avoir lieu, grâce à une organisation encore une fois impeccable, un tuyau d’air comprimé étant disponible dans chaque ligne de blocs. Le temps que les snorkelers terminent leur session, nous pouvons nous réhydrater et retrouver notre souffle. En tout cas, la pression de la première fois retombe et nous nous sentons déjà un peu plus préparés pour la seconde salve.

Plongée numéro 2

Le bateau redémarre pour quelques minutes afin de changer de site et jette l’ancre sur le site appelé localement “Gordon’s”. Même rituel pour s’équiper ainsi que s’immerger de nouveau et nous sommes à genou dans le sable en train d’attendre le reste de la palanquée. Cette seconde plongée commence par nous réserver de belles surprises. En effet, nous avons la chance d’observer plusieurs “giant clams” ou “tridacne géant” (ou encore “bénitier géant” ;)), une murène, des poissons clowns, d’autres poissons de 2m de long environ, et bien entendu toujours ces somptueux coraux (dont des bleus que nous voyons pour la première fois) et des nuées de petits poissons de toutes les couleurs.

La deuxième partie de l’exploration nous demande un peu d’agilité car nous passons dans des tunnels naturellement formés par les coraux. Nous réussissons l’épreuve comme des chefs sans abimer le paysage. Certains de nos partenaires officiellement plus expérimentés ne pourront pas dire la même chose, même si aucune tragédie n’aura lieu ! Débutants vous avez dit ?

Après cette superbe exploration et un épisode d’envol d’Anthony près de la surface, qui rejoindra le groupe avec un peu d’huile de coude ainsi qu’un nouveau poids à sa ceinture filé par le guide, nous continuous notre exploration sous-marine. La toute fin de la plongée sera marquée par une super rencontre avec ce qui doit être la grand-mère tortue de tout le pacifique ! En tout cas très grosse, ce qui sera confirmé par notre guide une fois remontés. Jugez par vous-même !

Elle ne devait sans doute pas être aussi heureuse de nous voir que l’inverse, mais ne s’est pas empressée de fuir, ce qui nous a laissé le temps d’en profiter juste avant de sortir de l’eau. Moment exceptionnel on vous dit !

Retour sur le bateau, déséquipement complet et retour en zone sèche pour le déjeuner. La dernière plongée aura lieu en début d’après-midi.

Dernière plongée

Nous sommes maintenant des “pros”, nous reprenons tout notre équipement avec des bouteilles de nouveau pleines, à l’aise à l’idée d’y retourner. Le temps que le bateau arrive sur le 3e site dénommé “Coral Garden”, nous vérifions une ultime fois notre équipement, l’ouverture des bouteilles et tout le reste. Cette fois, il est impossible d’utiliser la corde pour descendre et on nous prévient qu’il y a un peu de courant. Rien de tel qu’un petit peu de challenge pour tester nos acquis de la journée ainsi que notre motivation !

Nous faisons donc une immersion à la verticale en dégonflant progressivement nos gilets, tout en faisant nos manoeuvres habituelles pour les oreilles. Aucun souci de ce côté. En revanche, les courants se font bien sentir ! Nous luttons pour suivre le guide qui finira par ajouter successivement un poids à chacune de ses brebis …

Nous arrivons malgré les efforts soutenus à observer un requin des récifs (inoffensif pour l’homme mais impressionnant), plusieurs “giant clam” et plein de coraux et petits poissons fantastiques.

Nous remontons sur le bateau é-pui-sés, à la fois d’avoir enchainé trois plongées, mais aussi à lutter contre les courants sur la dernière. Nous tenons à peine debout pour amener nos blocs à leur place d’origine. Nous nous jettons sur les cafés disponibles et les choses à grignoter.

De retour dans la zone sèche, nous débrieffons avec Richie à propos des différents animaux rencontrés en bas. Nous en apprenons plus sur la reproduction des coraux qui n’a lieu qu’une seule fois par an, quand toutes les conditions de température et de courant sont remplies ! Nous faisons ensuite le tour des poissons et autres animaux rencontrés et nous constatons que nous n’avons pas tout vu. Nous avons notamment loupé une raie et une grande seiche qui n’ont pas dû traîner longtemps dans les parages. Dommage, ce sera pour la prochaine fois.

Nous faisons nos premiers ajouts dans notre carnet de plongée et le faisons tamponner ! C’est maintenant officiel et définitif : nous avons fait les premières plongées en milieu naturel de notre vie sur THE grande barrière de corail.

Fin de journée

Le bateau reprend finalement la route pour “Cains”. Nous saluons une dernière fois l’équipage et allons retrouver notre véhicule, voir s’il ne s’est pas fait la malle sans nous. Tout va bien, il ne reste plus qu’à trouver un spot pour la nuit. Nous hésitons à retenter l’expérience de la veille, mais maintenant que nous savons que c’est interdit, nous prenons la route en extrême fin de journée, direction le Nord vers de brèves aventures avant d’entamer l’essentiel du périple vers le Sud.

Nous trouvons un freecamp le long d’une plage à Ellis Beach à 1/2h de là. Nous voyons la mer depuis le van. Dur.

See ya!

PS : encore quelques superbes photos d’une tortue vue ce jour là mais par l’autre palanquée. On ne pouvait pas les garder pour nous !

Bon, la nôtre était quand même vachement plus grosse :)