Après notre départ de Nouvelle-Zélande et notre installation pour la première nuit de transit de notre vie dans un aéroport à Singapour (cf. Article précédent), nous nous réveillons de façon intempestive plusieurs fois dans la nuit avant d’émerger vers 6h heure locale. Nous mettons un peu de temps avant d’être assez frais pour chercher un petit déjeuner que nous trouvons chez la célèbre marque de fast food B.K. Petite erreur de parcours car même si tout paraît appétissant sur les photos, nous n’avons ni aimé nos cafés, ni nos croissandwichs … La journée commence donc au top !

Nous profitons du temps disponible pour acheter un peu de matériel. D’abord, une coque rendant étanche notre nouvelle GoPro jusqu’à 40m sous l’eau, indispensable pour les prochaines plongées. Ensuite, un clavier sans fil pour le téléphone, toujours pas pliant (échec critique du voyage …) mais relativement petit et peu cher.

Nous filons à la porte d’embarquement pour notre prochain vol.

Sur le chemin, nous découvrons un équipement super fun pour rejoindre une autre porte, malheureusement fermé durant notre passage : un toboggan !

Nous passons le temps avant l’embarquement, d’abord en utilisant le babyfoot à disposition ainsi que la Kinect qu’Anthony peine à maîtriser sur un jeu de football américain, ensuite en travaillant sur le blog. Le vol est très rapide pour Kuala Lumpur, notre dernière escale avant Delhi, et ne dure qu’une heure. Nous prenons quelques photos des palmeraies qui nous entourent et de la côte à travers le hublot au décollage.

L’aéroport de Kuala Lumpur est beaucoup plus modeste que celui de Singapour et l’entretien semble beaucoup plus approximatif. Ce changement d’ambiance nous donne le signal pour commencer à faire attention aux conditions d’hygiène, notamment en termes d’eau et de nourriture. C’est le moment de sortir nos gourdes filtrantes spéciales survivants !

Nous passons les contrôles de sécurité malgré notre statut de voyageurs en transit puis arrivons dans la zone commerciale avant l’accès aux portes d’embarquement. Nous avons plusieurs heures d’attente avant de prendre notre dernier avion. Nous en profitons pour avancer sur le blog et pour envoyer des réponses aux questions que se posent les élèves de Myrtille dans le contexte de notre programme d’échange.

Nous profitons également des fruits exotiques séchés vendus juste à côté, avec une préférence pour le ramboutan et le mangoustan. Nous goûtons le durian qui ne nous convainc pas complétement…

Après une épreuve folle pour envoyer le courrier à Myrtille, nous nous dirigeons vers notre porte d’embarquement. Surprise : nous devons avant cela passer une nouvelle fois des contrôles de sécurité ! Nous ne comprenons pas bien l’utilité de la chose, vu que nous n’avons eu accès qu’à des magasins homologués par l’aéroport depuis le contrôle précédent …

Nous finissons par arriver à la porte d’embarquement comportant un nombre de sièges hallucinant, si bien qu’en s’asseyant assez tôt au fond de la salle, nous nous faisons griller par à peu près tout le monde une fois l’embarquement ouvert et devons donc faire toute la queue avant de monter dans l’avion.

La transition vers les pays moins riches se voit également dans l’avion qui, malgré sa taille et la longue durée de trajet, ne comporte pas d’écran mais surtout ni prise électrique ni prise USB. Nous nous mettons donc en mode survie électrique en ne touchant pas nos téléphones. Anthony passe son temps à dormir et Marine potasse la Birmanie sur sa liseuse numérique. Le seul événement du vol est le repas optionnel que nous avons pris au moment de la réservation, très bien accueillis vu que nous allons arriver en pleine nuit en Inde.

L’arrivée dans le ciel de Delhi marque notre arrivée en Inde de façon fracassante. Nous sommes stupéfaits de voir les nuages de pollution depuis le hublot de notre appareil … Notre sensation soudaine de nous mettre en danger est renforcée lorsque nous entamons l’atterrissage et percevons des odeurs acres de cette même pollution. Nous nous demandons où nous sommes arrivés et regrettons de ne pas avoir de masque comme beaucoup de gens de l’avion qui en ont maintenant enfilé.

Nous descendons de l’avion avec appréhension et nous dirigeons vers le poste de contrôle aux frontières. Mis à part le bazar ambiant et le manque d’organisation pour dégoter et remplir le formulaire obligatoire, nous sommes surpris de passer aussi aisément la zone.

Nous récupérons nos sacs très rapidement depuis les tapis roulants dédiés. Nous sommes rassurés que ces bagages nous aient suivi après toutes les étapes que nous avons dû faire pour arriver à Delhi et suite aux bizarreries d’organisation que nous avons vu avant d’arriver.

Les choses sérieuses sont maintenant sur le point de commencer. Nous avons réservé une navette auprès de notre hôtel situé dans le centre de Old Delhi, à Pahaar Gang, afin d’éviter les arnaques à la sortie de l’aéroport avec les taxis et autres transports. Malgré cela, notre hôtel nous a envoyé des instructions à suivre pour s’assurer que notre chauffeur est le bon ! Vous avez bien lu : pour que l’on soit sûrs que notre chauffeur n’est pas un imposteur. Les instructions ressemblent à un film d’espionnage. Il nous faut demander au chauffeur qui a un papier avec nos noms écrits dessus de nous montrer le courriel échangé avec l’hôtel, puis lui demander le nom du gérant de l’hôtel dans lequel nous allons !! Pourquoi ? Parce que des gens malintentionnés copient régulièrement les noms sur les papiers des vrais chauffeurs pour récupérer des voyageurs à leur place et ainsi leur soutirer plus d’argent ou les emmener dans d’autres hôtels pour toucher des commissions. Ambiance !

Pour l’heure, nous nous dirigeons vers un comptoir de vente de cartes SIM avant de sortir de l’aéroport. Nous payons en cash nos cartes (le cash est roi ici) et manquons de nous faire arnaquer lorsque nous détournons 10 secondes le regard de notre vendeur et constatons en reportant notre attention sur lui qu’il a substitué un des billets que nous lui avons donnés par un autre de plus faible valeur. Alors que nous lui avions donné plus et attendions de la monnaie, il nous demande de mettre au bout car il n’y a pas assez, le comble ! Nous insistons pour qu’il arrête son arnaque, d’abord poliment, puis plus « énergiquement », avant que celui-ci nous dise qu’il a « fait une erreur » et nous donne la bonne monnaie. Première transaction et première arnaque, ça promet ! Nous ne sommes pas encore sortis de l’aéroport que nous en avons déjà marre, la fatigue aidant à 22h30 heure locale et après plus de 24h de voyage …

Nous prenons une bonne respiration moins polluée à l’intérieur et sortons enfin de l’aéroport. Le spectacle dehors est intense. Nous voyons de nombreux chauffeurs attendre le long d’une barrière à quelques mètres de l’aéroport, les gens braillent dans tous les sens et nous regardent pour nous alpaguer et probablement nous vendre leurs prestations de transport, des militaires armés semblent maintenir l’ordre devant la porte de l’aéroport … Nous cherchons notre nom sur une pancarte mais n’en trouvons pas. Nous commençons à douter. Comme nous faisons plusieurs tours pour apercevoir notre nom, nous attirons forcément l’attention de personnes qui nous proposent plus intensément leurs services, mais aussi de personnes qui veulent soi-disant nous aider en appelant l’hôtel pour nous et nous demandant donc des informations sur notre destination. Nous ne succombons pas car donner ces informations rendrait la technique de vérification du chauffeur plus difficile …

Nous sommes fatigués et tentons de faire le point en rentrant dans l’aéroport où les chauffeurs ne peuvent pas aller … mais c’est aussi interdit pour les touristes !! Tu sors, c’est pour la vie, visiblement. Nous crachons encore plus sur l’organisation de l’endroit. Nous aurions dû prendre un avion un peu plus cher mais arrivant avant la fermeture du métro, tout aurait été beaucoup plus simple …

Nous continuons à faire des tours, suivis par un « bienfaiteur » auquel nous résistons et finissons par apercevoir notre nom sur un papier ! Toutefois, le nom semble écrit très à l’arrache au feutre et nous sommes suspicieux lorsque nous nous approchons de notre chauffeur présumé. Nous lui posons alors les questions fournies par l’hôtel. Problème : il tente de passer un coup de fil sur la question du gérant de notre hôtel ! Nous n’avons pas confiance et reprenons nos tours, le chauffeur présumé continuant de nous fixer et attendant patiemment …

Nous n’arrêtons que lorsqu’une personne sortie de nulle part arrive avec un panneau mentionnant notre nom dactylographié et nous présente une copie du courriel attendu sur le verso de cette même feuille. Nous hésitons quand nous voyons que le chauffeur présumé précédent est avec lui mais le nouveau nous donne bien le nom du gérant … Nous ne savons pas si c’est le bon chauffeur ou si le test est compromis par la communication entre nos deux interlocuteurs … Nous finissons quand même par les suivre car nous en avons marre et aucun concurrent n’est présent, laissant penser que ce sont les seuls mandatés pour venir nous chercher. Nous espérons faire le bon choix lorsque nous les suivons dans la nuit noire vers un parking sinistre où se trouve le véhicule. Nous refusons de mettre nos sacs dans le coffre, toujours méfiants, et mettons notre GPS en route pour vérifier que nous allons dans la bonne direction.

Le voyage nous offre une belle démonstration de conduite à l’indienne : voitures roulant en feux de détresse sans raison apparente, voitures à l’arrêt et en feux de détresse sur le bas-côté gauche ou droit pour uriner ou téléphoner, voitures abandonnées au milieu de la route, concert de klaxons pour informer les autres de notre présence ou leur dire de s’écarter, voies non délimitées et donc autant de voies officieuses que possible, conduite par évitement généralisée, tout le monde slalomant tout le monde etc.

Heureusement notre trajet « se passe bien » et nous arrivons à destination ! Le quartier nous surprend toutefois car la saleté est omniprésente à quelques mètres du Main Bazar, des déchets étant disséminés partout. Pire, des chiens et vaches présents un peu partout se nourrissent de ces tas d’immondices … Pour couronner le tout, et comme constaté à l’aéroport, l’ambiance sonore est assourdissante : ça braille et ça klaxonne en permanence à tous les coins de rue.

Nous nous précipitons dans l’hôtel où nous pouvons rapidement gagner notre chambre à cette heure tardive. Un de nos hôtes nous rapporte même une bouteille d’eau « minérale » pour 20 roupies. Nous sommes exténués et nous allons nous coucher juste après avoir récupéré la bouteille. La nuit se passe bien, si ce n’est qu’il fait froid ! Eh oui, pas de chauffage, et bien entendu pas d’isolation ! Marine n’a pas de soucis parce qu’elle passe la nuit en doudoune, rien de moins ! Anthony a trop la flemme de se relever et subit.

Après une journée aussi longue, nous faisons la grasse matinée à l’hôtel et ne nous réveillons que vers 10h. Nous préparons nos petits sacs en mode survie locale et nous fixons des objectifs grâce à notre carte hors ligne Maps.me (la carte SIM n’étant toujours pas activée pour les applications en ligne). Nous ne partons finalement qu’à 12h.

Nous sortons de l’hôtel et débouchons très rapidement sur le Main Bazar, le marché de rue principal de la vieille ville.

Dès que nous y pénétrons, la progression devient plus difficile. Nous nous faisons en effet rabattre tous les 15 mètres par des vendeurs utilisant tous les arguments pour attirer notre attention. De plus, nous sommes aussi régulièrement suivis par des personnes qui finissent toujours par nous accoster pour lancer une discussion qu’Anthony entretien volontiers pour tenter d’apprendre à connaître des gens et obtenir des infos en tout genre. Ces discussions se terminent néanmoins toujours par une tentative de « conseil » sur où manger ou dans quel office de tourisme aller pour réserver des activités ou des transports. Nous parvenons à esquiver chacune de ces tentatives, non sans se fatiguer vu le caractère répété des sollicitations … Enfin, évitant à tout prix de sortir nos téléphones n’importe où pour nous prémunir des voleurs nous manquons les chemins les plus directs et devons régulièrement corriger notre itinéraire lorsque nous nous rendons compte, en ressortant nos téléphones à l’écart, que nous avons bifurqué. Marine ne sortira pas non plus son appareil photo, trop mal à l’aise et craignant de se le faire arracher.

Nous finissons par arriver à Connaught Place dont nous faisons le tour. L’endroit un peu plus chic nous épargne une partie des scènes précédentes mais nous sommes encore sollicités à certains endroits par des chauffeurs de tuk tuk et toujours embarqués dans des discussions nous amènent à une forme de rabattage quelconque. Le jeu principal est apparemment d’emmener les touristes cherchant l’office du tourisme officiel dans un ersatz véreux où les prix sont gonflés sans même parfois avoir de vrais tickets en échange. Heureusement que nous avons lu pas mal de choses sur les arnaques locales et avons laissé notre naïveté à l’hôtel ! Malgré tout, nous gardons notre calme, chose impérative pour que ça ne dérape pas au bout de seulement 2h en ville.

Nous finissons par aller dans le parc au centre de la place, afin d’être plus au calme et prendre des décisions réfléchies pour la suite. Apparemment, un évènement se prépare car une scène est en train d’être installée en même temps que divers panneaux autour. Nous demandons à des jeunes attendant sur les gradins ce qui se trame et comprenons difficilement qu’il s’agit d’une sorte de « programme culturel » semblant lié à un parti politique.

Nous faisons un point restaurant avec nos liseuses numériques car nous n’avons toujours pas internet sur nos téléphones malgré l’achat de cartes SIM la veille. Nous nous décidons sur une destination pour enfin manger et sommes vite rattrapés par un des jeunes questionnés plus tôt. Petit instant de doute avant de nous rendre compte qu’ils veulent … faire une photo avec nous ! Cette demande change grandement des sollicitations pour filer notre argent à tout va et nous acceptons donc volontiers.

Le chemin vers le restaurant nous ramène dans l’arène. Des rabatteurs tentent en effet de nous dévier de notre chemin de façon très insistante tous les 50 mètres, soit pour aller au tourist office bidon du coin, soit pour aller dans un autre restaurant que celui prévu.

Enfin arrivés dans le restaurant indien que nous avons choisi, nous soufflons après cette première paire d’heures de découverte. Assez échaudés, comme la veille, nous ne sommes pas pressés de ressortir. Nous prenons du temps pour commander car nous ne connaissons pas du tout le jargon local pour les plats. Aidés par notre guide de voyage, nous prenons des thalis, sorte de repas complet en plusieurs petites portions avec du riz et des chappattis, les galettes de blé locales faisant office de pain.

Une fois nos plats devant nous, nous nous lavons les mains pour ne pas tomber malade à cause des mauvais germes que nous aurions pu toucher jusqu’ici. Précaution normale pour des touristes en Inde.

Le repas n’est pas bouillant, ce qui nous fait craindre pour notre santé digestive car nous n’avons aucune garantie sur la destruction des germes dans nos plats. Nous nous y risquons malgré tout car nous avons très faim. Heureusement, les plats sont très bons, mais ils sont aussi beaucoup trop pimentés pour nos palais sensibles ! À noter, des mélanges audacieux sont présents dans certaines parties de l’assiette, notamment une compote de betterave à la cardamome ! Autre surprise lorsque Marine prend un thé et que nous voyons arriver un mélange de thé noir et de lait. Nous comprenons que c’est la façon normale de boire du thé ici. Marine n’adhère pas trop mais c’est une révélation pour Anthony.

Nous demandons finalement l’addition : 545 roupies pour deux repas complets et un thé au lait, soit 7,2 euros avec le taux de change en vigueur. Notre pouvoir d’achat nous console un peu des désagréments subis dans la rue. Si nous ne tombons pas malades dans les jours suivants, nous pourrons dire que c’était un très bon deal. (En fait, nous apprendrons pendant la suite de notre voyage que nous pouvons manger pour bien moins cher ! Mais souvent de façon moins équilibrée aussi.)

Nous restons dans le restaurant pour planifier la suite sans nous faire agresser par les rabatteurs. Notre prochain objectif est de rejoindre le vrai tourist office, non loin de là. Pas de bol, nous arrivons devant un bureau fermé car nous sommes samedi et il est plus de 14h ! Un autre jour en semaine ou une heure plus matinale ce même jour auraient permis d’entrer dans le bâtiment … Tristesse !

Nous passons donc à notre second objectif : prendre le métro pour voir quelques monuments de la ville. Les lieux où nous nous trouvons étant surchargés de magasins ambulants, de véhicules et de personnes, nous ne trouvons pas la station de métro du premier coup. Bien entendu, lorsque nous tentons d’obtenir l’information, les personnes interrogées nous disent de prendre un tuk tuk prétextant que les stations de métro sont fermées à cause de diverses manifestations. Il faut dire que la loi de citoyenneté vient d’être votée et nous nous demandons si l’information n’est pas vraie pour une fois. N’ayant malgré tout pas confiance, nous décidons d’aller voir par nous-même. Nous finissons par trouver une station de métro où les agents nous disent bien que toutes les stations sont ouvertes. Le mensonge va très loin dans cette ville car mélanger l’actualité aux arnaques rend le tout très plausible et nous aurions pu nous faire avoir. Nous détestons de plus en plus l’écosystème dans lequel nous baignons.

Nous prenons des jetons de métro pour Chandi Chowk, zone du plus vieux bazar de la cité, proche du célèbre fort rouge et de la plus grande mosquée de la ville. Nous mettons un peu de temps à les obtenir après quelques hésitations sur le fonctionnement du système et s’être fait assaillir par des masses de locaux ne faisant visiblement pas vraiment la queue.

Notre premier trajet en métro est agréable car les wagons sont relativement propres et nous sommes loin du tumulte de la surface. En revanche, il y a du monde !

Nous arrivons sans encombre à notre arrêt. Nous décidons de rejoindre le fort rouge en premier car nous pensons que ce sera une zone moins dense que le bazar que nous préférons éviter dans un premier temps. Malheureusement, nous ne trouvons pas la sortie la plus directe vers le monument et sortons à la place côté Old Delhi d’où nous nous frayons péniblement un chemin vers le fort … à travers le bazar que nous cherchions à éviter ! Ce dernier est encore plus dense que celui du centre-ville à côté duquel nous logeons et nous devons nous glisser entre les shops et les véhicules qui nous frôlent de près ou nous crachent leurs pots d’échappement immondes au visage tout en nous explosant les tympans avec leur concert horrible de klaxons. Tout ce cirque dure au moins un bon quart d’heure et nous sommes encore une fois bien échaudés par cette épreuve.

Nous arrivons finalement au fort rouge que nous ne verrons que de l’extérieur car l’entrée est payante et nous paraît chère alors que l’édifice s’apprête à fermer, laissant penser que nous n’en aurons pas pour notre argent. Des gens présents sur place nous demandent de prendre une photo avec leurs enfants. Ils sont tous sourires et paraissent authentiquement sympathiques mais nous refusons, dans le doute d’une entourloupe quelconque. A posteriori, c’était sans doute de la paranoïa mais les expériences multiples de la journée nous ont formatés. C’est d’ailleurs le pire dans l’histoire : devoir se fermer aux autres à cause de certains particulièrement mal intentionnés et sans scrupules envers les touristes qu’ils ne voient que comme des portefeuilles ambulants.

Nous prenons parmi les quelques photos de la journée au fort qui est énorme et en impose. Au-dessus, des oiseaux, dont pas mal de rapaces, volent en cercle.

Fait assez drôle : la place du fort sert également à héberger une fête foraine dont la grande roue passe en vitesse rapide à certains moments. Ce concept de grande roue à sensations n’est pas quelque chose de connu en France où le rythme est toujours très lent et cela nous surprend donc pas mal. Pas sûr que ce soit même homologable chez nous !

Le soleil est déjà bien bas dans le ciel et nous quittons la zone prématurément et à regret pour ne pas trainer trop de nuit dans la vile. La grande mosquée attendra ! Retour en métro, cette fois l’arrêt le plus proche pour éviter le bazar impraticable pour des piétons. Nous rejoignons Connaught Place pour acheter de quoi manger : arrêts à Wenders et Keventers pour prendre des beignets et feuilletés ainsi que des milkshakes indiens. Nous retournons à pied à l’hôtel, toujours en esquivant plein de gens et de véhicules, et en traversant de façon sauvage les rues quand on peut. Une voiture frôle Anthony de très près et nous doutons de la capacité de conduite des locaux et de leur volonté de s’arrêter voire même ralentir quand des piétons essaient de se frayer un chemin. C’est délirant !

Nous arrivons miraculeusement sains et saufs à l’hôtel où nous ressentons le besoin de raconter un peu nos périples de la journée. Notre hôte nous confirme que le tourist office que l’on nous a conseillé est bidon. Il nous donne aussi l’info du bon tourist office pour les billets de train en gare que nous voulons acheter dès le lendemain matin.

Nous retournons dans notre chambre où nous mangeons nos victuailles achetées plus tôt, toujours dans la crainte de tomber malades. Pour l’instant, les mets ont le mérite d’être bons.

Nous soufflons enfin de cette journée complètement folle et la fatigue émotionnelle nous fait nous coucher dès 21h, Anthony s’effondrant même littéralement.

Nous nous réveillons le lendemain et planifions la suite de notre voyage après Delhi. Nous arrivons à la conclusion que notre prochaine ville sera Jaipur. Notre objectif du matin est donc d’aller acheter des billets de train pour cette ville.

Le temps de préparer nos affaires, il est déjà 10h. Nous sommes un peu plus préparés mentalement que la veille à la vie dans Old Delhi mais prenons tout de même une grande respiration avant de nous jeter dans le joyeux capharnaüm.

Nous sortons de l’hôtel et empruntons le chemin de la gare, ce qui nous demande de parcourir le Main Bazar dans le sens inverse de la veille. Nous ignorons complètement les rabatteurs que nous croisons. Notre pas déterminé en décourage même quelques-uns d’insister, ce qui nous donne plus d’assurance.

Cependant, notre préparation de la veille n’est encore pas suffisante pour gérer la situation carrément hallucinante que nous vivons à notre arrivée devant la gare. Nous savons en effet que la gare se trouve devant nous conformément à notre application cartographique. Problème : elle n’est pas visible depuis notre point d’arrivée, une sorte de parking très dense où se ruent des voitures l’occultant suffisamment pour que nous ayons un doute. Ce seul doute ne serait pas grand-chose dans une autre ville, car nous aurions juste continué notre chemin pour voir. C’est sans compter la mafia locale bien organisée qui, nous voyant arriver un peu hésitants, nous hurle dessus à plusieurs nous « informant » que le passage est interdit et qu’il faut une autorisation ! Devant une personne, nous n’aurions pas relevé, mais ils sont une petite dizaine à tenir ce discours, à nous barrer le passage et à hausser la voix au fur et à mesure que nous tentons de progresser au milieu des cohortes de véhicules qui s’engouffrent encore dans le parking. De plus, ces « gentils informateurs » nous donnent l’endroit du « vrai » tourist office pour les tickets de train qui se trouve à côté et non pas dans la gare, contrairement à nos sources d’informations « farfelues ». Nous n’arrivons pas à gérer cette pression et entamons un détour d’un bon kilomètre vers Connaught Place où nous décidons de prendre le métro … direction la gare ! Au moins nous arrivons bien au pied de celle-ci et pas à un parking d’écart. Sur notre route pour la place, de « gentils » rabatteurs nous suivent pour s’assurer que nous allons bien au « bon » endroit (ou pour toucher leur commission ? Mais non …).

À la gare, nous ne sommes encore pas au bout de nos peines. Nous cherchons en effet une quelconque mention du bureau pour la réservation de tickets spécial touristes mais n’en trouvons aucune. Nous savons pourtant pertinemment qu’il n’est pas loin et encore une fois aucune demande d’information ne nous aide, excepté lorsque nous demandons à une officielle, dans un bureau au nom proche de celui que l’on cherche, où il se trouve.

Au final, nous le trouvons en suivant un itinéraire fantasmagorique que nous simplifions (si si) : il faut aller sur la voie 1, donc passer la sécurité comme si on avait un billet de train (contrôle qui ne sert à rien d’ailleurs car tout le monde fait sonner le détecteur de métaux sans que cela n’alerte les agents en place), puis traverser la gare via une passerelle au-dessus des nombreuses voies car le bureau se situe dans l’autre bâtiment de la gare … Et ne parlons pas des derniers mètres pour trouver le bureau au milieu d’un couloir complètement désert et glauque où traine un chien famélique qui nous suit sur plusieurs dizaines de mètres …

Enfin arrivés au bureau pour les touristes, ce n’est toujours pas fini. Nous découvrons en effet que le système informatique est en panne et que tout le monde attend que celui-ci redémarre pour accéder aux requêtes des pigeons clients. En attendant, on nous donne un formulaire de demande à remplir nécessitant de connaître le numéro exact du train à réserver ainsi que l’heure de passage … Nous qui venions spécialement pour avoir des informations avant de réserver, nous sommes bien partis ! Nous attendons malgré tout avec notre formulaire partiellement rempli espérant qu’on nous aide quand même. Nous profitons de ce temps mort pour planifier l’après-midi qui risque d’être assez court vue l’aventure du moment.

Le système finit par redevenir fonctionnel ! Hourra ! Nous prenons un ticket pour faire la queue officielle. Notre feuille n’étant pas complètement remplie, nous devons passer par le « tourist information » de la pièce qui n’a d’information que de nom puisqu’on nous dit que si on ne veut pas acheter on n’aura pas d’information. Ce principe de pression pour acheter nous rappelle à nous y méprendre les arnaques de la rue. Dans un bureau officiel, c’est assez douloureux à entendre. En outre, le train est plus cher que ce que nous avions calculé car, comme par hasard, uniquement des wagons de classe supérieure sont disponibles. On se demande si on ne se fait pas avoir par un agent officiel mais on finit par accepter car, soyons clairs, nous voulons nous en aller de cette ville.

Nous retournons en salle d’attente, notre formulaire maintenant rempli, pour procéder à l’achat en tant que tel. La personne chargée de cette tâche nous appelle et nous fait payer par carte une somme un peu moins élevée qu’indiquée par notre interlocuteur précédent. Enfin une bonne nouvelle ! Nous avons un doute sur l’intégrité du processus quand nous voyons que le boîtier à cartes n’affiche pas la somme que nous nous apprêtons à payer. C’est donc une signature sur un chèque en blanc que nous faisons à ce moment ! Heureusement le reçu indique la bonne somme et nous ne serons pas débités de plus les jours suivants. Nous obtenons enfin nos billets vers 13h30 pour un départ très tôt le lendemain matin ! Il nous aura fallu en tout 3h30 depuis notre départ de l’hotel pour les obtenir, ce qui paraît somme toute très raisonnable (ironie ? on vous laisse deviner).

Nous vérifions sur une application que les tarifs payés sont cohérents pour notre ticket et nous apercevons qu’il n’y a qu’une petite différence justifiée par des frais appliqués lors du passage par le bureau. Nous sommes rassurés de voir que le système n’est pas corrompu !

Nous regagnons le métro après avoir retraversé les voies pour déboucher du côté où nous sommes arrivés et nous engouffrons dans le métro… rempli de monde faisant la « queue » aux guichets. Il y a tellement de monde qu’un officier de police est là pour gérer l’ordre et siffle quand les locaux tentent de gruger n’importe comment les files, c’est-à-dire tout le temps. Nous prenons notre mal en patience tandis que les files avancent et parvenons finalement au guichet. Nous visons l’arrêt du Khan Market pour déjeuner. Nous refaisons la queue pour passer les contrôles de sécurité avant l’accès aux quais, homme et femmes séparés, galérons à mettre nos bagages sur le tapis roulant car tout le monde guette le moindre espace pour être le premier encore une fois, mais finissons toutefois à monter dans la bonne rame.

Arrivés au Khan Market, nous allons directement manger au Khan Chacha, sur conseil de notre guide de voyage, proposant des brochettes en tout genre et étonnamment gardé par un garde en uniforme qui nous ouvre la porte dès qu’il nous voit. Cela nous fait un peu drôle car c’est comme si un vendeur de kebab en France avait un vigile ou un voiturier à l’entrée. Anthony s’essaie au paneer, fromage frais neutre à cuire remplaçant la viande pour les plats végétariens, en brochette avec du masala, le mélange d’épices typique que l’on retrouve partout. Marine prend un plat végétarien totalement indéterminé. Les deux plats sont vraiment bons mais nous sommes contents d’avoir pris du pain en plus pour nous caler davantage car les portions sont petites. Nous profitons ensuite du refuge offert par l’établissement pour décider de la suite et réserver un hébergement pour le lendemain à Jaipur.

Le temps passe et nous n’avons plus beaucoup de temps avant le coucher du soleil. Du coup, nous décidons d’aller dans un parc non loin de là, le Lodhi Garden, abritant les tombes d’anciens gouverneurs de différentes parties de l’Inde entre les XVe et XVIe siècles. L’endroit est relativement calme, même si très fréquenté par les locaux en ce dimanche après-midi, mais ce n’est pas une attraction phare de la ville pour les touristes. Nous nous amusons malgré tout à observer des écureuils, des rapaces et des chiens à foison, puis à visiter les bâtiments plutôt sympathiques.

Nous repartons à une heure où tous les points d’intérêt touristiques principaux sont sur le point de fermer et filons vers le National Museum pas trop loin qui semble encore ouvert 1h30 …

Nous arrivons à la station de métro la plus proche du musée mais devons encore marcher le long d’une longue route où nous avons la surprise de voir nos premiers singes ! Il y en a en effet plein sur les grilles d’un énorme bâtiment, dans les arbres au-dessus et sur le trottoir que nous empruntons.

Nous arrivons devant le musée alors qu’il ne reste qu’une petite heure pour le visiter selon les horaires que nous avions vus. Par chance, nous voyons que le musée ferme plus tard le dimanche ! Nous allons pouvoir visiter quelque chose, youpi !

Nous passons au vestiaire pour déposer nos sacs, ce qui ne nous inspire toujours pas confiance ici, puis nous dirigeons vers le guichet pour payer nos tickets 650 roupies par personne, prix spécial touriste puisque les locaux ne paient que 20 roupies. C’est la première fois que nous voyons ce type de double tarification mais cela semble juste, même si la différence est colossale.

Le musée contient des pièces qui valent le coup d’œil, comme des défenses d’éléphant sculptées décoratives, des toiles, de nombreuses statues de dieux hindous et même un reliquaire de Bouddha. Nous ne savons pas si ce dernier contient toujours une relique du maître ayant atteint le nirvana mais ce qui est sûr c’est que les fidèles considèrent l’objet comme très important au vu des prières faites devant et d’un panneau stipulant clairement de ne pas faire de dons. Le musée comporte également plusieurs panneaux explicatifs permettant de retracer l’histoire de la région dans les grandes lignes.

Nous passons deux bonnes heures dans le bâtiment puis reprenons nos sacs à dos dans le vestiaire, qui nous ont bien attendus, avant de retourner en métro vers Connaught Place. Nous esquivons aléatoirement sur le chemin les singes dans la nuit noire afin d’éviter de finir à l’hôpital nous faire remplir d’antirabiques.

Comme la veille, nous prenons à manger sur la place puis nous rentrons à pied de nuit à l’hôtel, en évitant les voitures qui ne ralentissent pas pour nous laisser passer.

Nous nous couchons après avoir pris notre repas dans la chambre. Le réveil est programmé pour … 4h30 ! Le train est effectivement très matinal et il est hors de question de le louper. On se donne également un peu plus de temps au cas où il faudrait envoyer valser les arnaqueurs entravant l’accès de la gare sur place.

Nous nous levons donc difficilement le lendemain au milieu de notre nuit habituelle, et nous mettons en route pour la gare après avoir libéré notre chambre et rendu la clé. Nous sommes d’attaque pour manger tout arnaqueur qui voudrait nous arrêter.

En rejoignant le Main Bazar, nous croisons deux jeunes femmes avec deux gros sacs à dos comme les nôtres. Elles sont chinoises et se dirigent vers la gare pour prendre le même train. Nous sommes désormais 4 pour percer les lignes ennemies au bout de la rue. Nous sommes inarrêtables !

Finalement, nous arrivons à atteindre tranquillement la gare sans aucun problème, les petits arnaqueurs du coin n’étant pas assez courageux pour se lever de si bon matin ! Nous trouvons facilement le quai et attendons patiemment notre train au bon endroit grâce aux emplacements des wagons indiqués clairement sur le quai.

Le train arrive et nos billets indiquent que nous sommes placés dans le même wagon que nos deux comparses chinoises, et même juste à côté d’elles ! Nous avons de la place pour nos sacs juste au-dessus de nous : super top pour garder un œil dessus !

Nous sommes agréablement surpris par le niveau de service dans le train, digne d’un avion : on nous apporte de l’eau, de la citronnade, du café, le journal, un plateau petit déjeuner avec un plat salé indien et un chapati, puis un nouveau café pour finir ! Un départ de la capitale grand luxe !

Le départ de Delhi est un soulagement pour nous mais nous ne savons alors pas du tout ce qui nous attend à Jaipur. Entre palais flottant et chauffeur de tuk tuk fou, les jours suivants apporteront encore leur lot de surprise et de dépaysement ! Quant à savoir si nous arriverons à nous faire à la vie touristique en Inde … la réponse se trouve dans les prochains articles (qui retrouveront un peu de glamour avec davantage de photos) !

PS : les cartes, sans besoin d’autorisation !