Après les aventures des jours précédents dans le parc national d’Abel Tasman et les superbes rencontres faunistiques à Kaikoura (cf. Article précédent), et n’ayant pas réussi à prendre une place dans le freecamp du coin, c’est dans un camping à Picton que nous nous réveillons aux aurores pour prendre le ferry direction Wellington et l’île du Nord.

Le trajet en voiture pour atteindre la zone d’embarquement du ferry ne dure que 10 minutes et nous sommes rapidement en train de faire la queue à l’accès qui n’est pas encore ouvert. Après 30 minutes d’attente, nous pouvons nous enregistrer… pour patienter un peu plus loin encore une heure !

L’employé gérant la zone nous donne enfin la possibilité d’embarquer et nous nous garons exactement là où l’on nous dit d’aller, avant de quitter la voiture en ayant pris soin de prendre nos paquetages et de verrouiller le véhicule.

Nous filons sur le pont réservé aux passagers où nous prenons un thé et nous allons nous asseoir. Nous passons le trajet à récupérer de notre courte nuit et à avancer sur un article, en tentant quelques excursions dehors, mais il fait froid et les paysages sont assez répétitifs.

Au bout de 3 heures, nous sommes invités à rejoindre les véhicules. Encore 30 minutes d’attente dans la voiture et nous pouvons débarquer sur le port de Wellington.

Nous profitons d’être dans une grosse ville pour tenter de trouver de quoi peut-être avancer plus vite sur le blog : un clavier Bluetooth portable pour pouvoir travailler simultanément le texte des articles avec un smartphone et les photos avec l’ordinateur. L’heure qui suit est surréaliste. Nous tentons de trouver un clavier dans un magasin spécialisé mais ils n’ont plus la référence recherchée et nous conseillent d’aller dans un magasin plus gros de la même enseigne près de l’aéroport. Le nouveau magasin n’a pas notre clavier et les vendeurs cherchent dans leur système d’information quel magasin en ville en aurait en stock. Ils en trouvent … dans le magasin d’où l’on vient ! Nous décidons donc d’appeler le magasin pour éviter un voyage inutile et après vérification, non, pas de stock ! Ça craint pour le sérieux de leur gestion !

Après avoir perdu notre temps, nous enchaînons avec les photos pour le visa indien qui nécessitent un format carré spécial. En Nouvelle-Zélande, ces photos peuvent se faire … dans des pharmacies ! Nous en trouvons une assez facilement et obtenons nos photos physiques et virtuelles en quelques minutes, retouches comprises.

Nous finissons notre tour pratique à Wellington par l’achat de nourriture que nous mangerons dans la voiture pour regagner le temps perdu précédemment, et reprenons la route pendant 4 heures pour rejoindre le Tongariro National Park. La route de montagne est sublime.

Nous nous arrêtons à Ohakune à une soixantaine de km du parc national car aucun autre freecamp n’est disponibles après sur notre route. Le site n’est pas indiqué sur place et nous craignons d’être au mauvais endroit mais un autre van de français, eux aussi hésitants, est garé, ce qui nous suffit mutuellement à rester.

Nous terminons la soirée par la finalisation des visas pour l’Inde avec nos photos. Marine fait toute la procédure deux fois, parce que c’est tellement fun (en fait, parce qu’elle n’a pas choisi « e-visa » au tout début de la première tentative) !

Nous nous réveillons le lendemain à 5h30 tapantes car il nous reste un peu de route et la journée complète est nécessaire pour la marche que nous avons prévue de faire. Nous arrivons une heure et demie plus tard au parking de la compagnie de navette que nous avons réservé la veille, côté Ketetahi. Nous sommes en avance et prenons le temps de petit déjeuner pour être au top de notre forme. La Tongariro Alpine Crossing est en effet connue pour mettre à l’épreuve les marcheurs, et faire le plein d’énergie est un minimum.

Nous nous équipons en mode sérieux, avec toutes les couches de vêtements disponibles, prenons des bâtons de marche gentiment prêtés par le gardien du parking et montons dans le bus à destination du point de départ de la marche, de l’autre côté de la montagne. Ce système est intéressant car il permet de marcher en direction du parking où se trouve notre véhicule, ce qui nous permet d’avancer à notre rythme sans craindre de louper la dernière navette à l’arrivée et donc de rester bloqués sur place.

Durant notre trajet en bus, le conducteur nous parle des différents mythes Maoris entourant les montagnes du Tongariro ainsi que des différents sites encore utilisés aujourd’hui pour certaines célébrations ou pour leurs vertus curatives. Le guide nous donne également différentes consignes de sécurité et sa carte pour que nous puissions l’appeler en cas d’abandon et de retour en arrière. Il nous précise que le temps n’est pas très bon et que le vent est fort au sommet. Il termine par nous dire de prendre des « safe decisions » dans ce contexte difficile. Nous voilà bien mis en garde.

Nous entamons la première partie de la piste après un arrêt aux stands, le chemin ne proposant que 6 spots de toilettes à peu près bien répartis. Nous en avons pour 1h30 de marche sur un chemin classique néo-zélandais, entouré de verdure au début puis de plus en plus rocailleux sans végétation.

La montée est douce et nous avalons les kilomètres. Nous nous croyons déjà au bout, mais ce n’est que le début et ça va se corser. En attendant, la marche soutenue nous réchauffe et nous nous déséquipons de plusieurs couches.

Un premier panneau nous attend au bout de cette première phase pour nous informer que ce qui suit est bien plus difficile et qu’il est sage de retourner en arrière si on se sent déjà fatigués. S’arrêter ? Trop peu pour nous. On est au top de notre forme et on compte bien voir plus que de la rocaille de bas étage ! On arrive même à griller un groupe avec un guide. Au top on vous dit !

La seconde phase change le ton de façon brutale avec l’arrivée des « Devil’s Staircase » ou marches du diable. La pente est en effet désormais à 40-45° et on commence à fournir un réel effort (Marine, qui déteste les montées, râle). La montagne commence officiellement ! Nous arrivons néanmoins à grimper vite même si cela nous demande de faire nos premières pauses pour reprendre notre souffle. Nous commençons à être récompensés de nos efforts car nous pouvons voir les premiers paysages d’ensemble depuis les hauteurs, du moins quand les nuages ne nous cachent pas la vue.

Vers le sommet de cette partie du trek, le vent se fait vivement ressentir et nous nous rééquipons à fond. Le guide du groupe qui nous suit nous informe que le vent à venir souffle à 60km/h et nous dit de prendre des « safe decisions » comme le chauffeur de notre navette en début de journée. Nous finissons donc cette première ascension prudemment.

Nous arrivons dans une plaine, un cratère en réalité, où nous sommes à l’abri du vent. Nous voyons un peu de glace par ci par là. Au bout de cette cuvette formée par les volcans aux alentours, un nouveau panneau nous met de nouveau la pression en nous disant que tout ce que nous avons fait jusque-là est facile en comparaison de ce qui nous attend. En cas de froid ou de fatigue dès ce stade, il est conseillé d’abandonner. Nous vérifions nos états respectifs et nous lançons à l’assaut des cimes les plus élevées de la piste, le vent toujours aussi menaçant.

Cette fois, l’ascension devient vraiment difficile : de moins en moins d’abris rocheux et un vent par conséquent de plus en plus présent, avec des passages assez étroits. Nous avançons doucement et en évitant le vent de face pour ne pas se faire déporter dans le cratère. Nous progressons sur la crête du volcan pendant plusieurs centaines de mètres et voyons des gens faire marche arrière ou hésiter à le faire. De notre côté, nous voyons le guide et son groupe croisés plus tôt continuer l’ascension, ce qui nous permet de trancher sur la faisabilité de la chose. Nous continuons donc prudemment, manquant de glisser une ou deux fois, mais arrivons finalement au sommet ! Nous sommes à 1 868 m d’altitude et venons d’avaler 750 m de dénivelé !

La récompense est de taille : une double vue exceptionnelle sur un énorme cratère rouge et des lacs couleur émeraude. Même avec le mauvais temps, ça vaut le coup.

Le plus dur est cette fois derrière nous. Cela fait 3h que nous marchons et nous devons maintenant entamer une descente abrupte sur un sol caillouteux ayant la fâcheuse tendance de se dérober sous les pieds. Nos bâtons nous sont d’un très bon secours à cette étape. Marine marche très prudemment pour éviter les glissades. Anthony quant à lui trouve la glissade fun et apprend à descendre à un rythme soutenu par dérapage contrôlés successifs, un peu comme du ski. Nous n’arriverons malheureusement pas à éviter quelques chutes dont une mémorable de Marine sur les fesses.

Nous nous rapprochons des lacs émeraude aperçus depuis le sommet à mesure que nous progressons dans la descente. Nous prenons pas mal de photos tout du long et commençons à percevoir des odeurs de souffre en fin de descente. Nous voyons également nos premières fumerolles.

Nous progressons autour des lacs pour en découvrir les meilleurs points de vue et sommes maintenant envahis par les émanations soufrées, provenant notamment du lac. Le nombre de fumerolles autour de nous augmente également.

Nous restons un moment pour déjeuner dans un coin à l’abri relatif du vent et des gaz soufrés devenant désagréables, puis repartons. Nous traversons un champ de lave désolé en direction d’un nouveau sommet, heureusement bien plus bas que le précédent. La grimpette est une nouvelle fois bien récompensée avec une vue superbe sur le cratère rouge ainsi que sur un nouveau lac.

Nous entamons ensuite une longue descente en pente douce au milieu d’une végétation de plus en plus luxuriante. Nous apercevons au loin le lac Rotoaira, la vue est magnifique.

Au bout d’une heure nous rejoignons le groupe guidé qui nous avait mis un peu de distance depuis l’arrivée au sommet principal. Nous les doublons de nouveau comme des pros et continuons de descendre parmi une végétation aux dominantes jaunes désormais. Nous apercevons également durant cette phase de multiples rochers rouges tout autour de nous.

Au bout d’une petite heure, le paysage se transforme de nouveau pour laisser place à une forêt dans laquelle nous longeons des torrents pendant encore 45 minutes avant de rejoindre la fin officielle de la piste.

Toutefois, un peu de marche nous attend encore car nous sommes encore à un bon kilomètre du parking où se trouve notre van. Nous terminons donc par 15 minutes de route gravillonnée qui ne nous laissent pas indifférents car nos jambes commencent à flancher.

L’arrivée au véhicule est une victoire pour nous. Nous l’avons fait ! 20 km de marche en 7 heures avec 1000 m de dénivelé en tout. Cette marche est définitivement fatigante et parfois vertigineuse, mais avant tout magique, avec ses multiples paysages successifs très différents, cette impression d’être sur le toit du monde quelques instants au sommet, et ses phénomènes géothermiques. Nous comprenons aisément son statut d’activité à faire absolument et la recommandons à notre tour !

Nous démarrons finalement notre véhicule pour rejoindre un endroit où nous pourrons nous reposer. Le parc national dans lequel nous sommes ne proposant pas de freecamp, il nous faut faire encore une petite heure de route pour arriver près du Lac Taupo et en trouver un. Installés, nous faisons l’inventaire de nos provisions pour le dîner et devons malheureusement jeter quelques-unes de nos denrées commençant à muter faute d’un frigo digne de ce nom. Il ne nous reste alors que des paquets de nouilles chinoises (LA valeur sûre en voyage) pour nous remettre de cette journée sportive ! Nous sommes trop vannés pour rester éveillés et nous couchons tout de suite après le dîner.

Les journées suivantes nous offriront de bons moments à nous émerveiller par les divers phénomènes géologiques de la région, avant de rejoindre Auckland au pas de course pour y rendre notre van et vivre nos derniers moments en Nouvelle-Zélande avant l’Inde. Mais ça, on vous le raconte dans le prochain article !

Have fun,

A & M.

PS : encore et toujours, les cartes !