Déjà plus de 3 semaines que nous sommes partis et nous avons quitté le sol australien (cf. Article précédent). Nous avons un petit pincement au coeur car notre rythme nous oblige à manquer de nombreuses choses et nous sommes frustrés d’avoir dû changer nos plans à cause des bushfires. Nous sommes néanmoins et avant tout ravis de tout ce que nous avons pu y voir et avons d’ores et déjà de nombreux souvenirs gravés en mémoire.

Une page se tourne donc et nous changeons de terrain de jeu. Notre nouvelle destination : la Nouvelle-Zélande ! Nous trépignons d’impatience à l’idée de découvrir les paysages du pays : montagnes verdoyantes remplies de tâches blanches moutonnantes, avant-poste de l’antartique au Sud avec des glaciers et lacs de montagne turquoises, volcans vénérables en activité au Nord, lacs bouillonnants et autres effets géothermiques … La faune n’est pas en reste non plus avec toutes les espèces endémiques (kiwi, kakapo et autre kea, …) et la richesse de la faune marine ayant élu domicile sur ces côtes (cachalots, dauphins, otaries, phoques, pingouins, …). En bref, un GROS programme … à faire en 19 jours !

Nous atterrissons à Christchurch sur l’île Sud où nous faisons un passage obligé aux douanes pour les déclarations d’usage à l’entrée du territoire. Ici, un enjeu majeur est la préservation de la nature, notamment les espèces endémiques et typiques du pays. Du coup, il faut déclarer tout produit d’origine végétale ou animale, tout objet ayant été en contact avec de la nature sauvage d’autres pays, incluant les chaussures et les maillots de bain, ainsi que toutes les déclarations plus usuelles comme une grosse quantité de monnaie ou des médicaments.

Arrivant de 21 jours de roadtrip en Australie, nous sommes bien entendus concernés, au moins à cause des vêtements qui ne sortent pas tout juste de la machine à laver. De plus, nous avons un peu de nourriture sur nous. Nous déclarons donc le nécessaire et sommes surpris de nous voir assigner des couloirs de sortie différents (Momiji passe sans encombre).

Anthony se voit assigner une ligne de contrôle légère avec un simple scanner corporel et de sacs et termine rapidement, alors que Marine se retrouve dans une ligne de contrôle plus intense avec ouverture des sacs. Elle passe une bonne heure avec les douaniers qui pensent que le sac contient du miel et des pommes reniflées par un chien entraîné posté par là. On frôle la peine capitale mais heureusement le pot de miel est en fait un baume anti inflammatoire (de forme hexagonale …) et les pommes ont été mangées avant d’arriver à la douane.

Enfin relâchée par la douane, Marine peut à son tour rejoindre la zone libre et nous rejoignons rapidement le parking où nous attend notre nouveau campervan. Ce nouvel engin est plus petit que celui que l’on nous a confié en Australie, pas de surclassement malheureusement cette fois ! Le véhicule est également plus usé que le précédent, comme en témoignent de nombreux escars sur la carrosserie et le pare-brise. Nous faisons attention de bien prendre tout en photo et de nous assurer que notre fournisseur est conscient de l’état du véhicule, pour éviter tout malentendu au retour.

La douane nous a bien retardés et c’est déjà la fin de l’après-midi. Nous décidons de prendre le temps de bien commencer notre périple et allons faire le plein de provisions. Pas de grosse surprise dans le magasin qui ressemble fortement à ce que l’on voyait en Australie, avec notamment un choix formidable de saucisses.

Nos courses en poche, nous prenons le chemin vers un freecamp dans Christchurch, le long d’une plage où il y a un vent de malade et un peu de pluie. Le changement de climat avec l’Australie est radical à cette latitude.

Nous dînons au freecamp en faisant usage de l’équipement disponible dans notre van. Nous sommes agréablement surpris par la quantité d’équipements, notamment notre gazinière à 2 feux (contre 1 auparavant) se branchant sur une vraie bouteille de gaz (contre des cartouches minuscules auparavant). Nous arrivons sans problème à cuire une pièce de viande d’agneau (Nouvelle-Zélande oblige !), ce que nous aurions renoncé à faire avec notre équipement en Australie, à moins d’utiliser les barbecues publics.

Nous passons la soirée à planifier les jours suivants en utilisant les guides récupérés à l’agence de location de van et celui gentiment laissé par de précédents locataires dans le véhicule.

Notre première nuit est difficile car le lit est trop petit pour nous, moins de 1,70 m ! Nous passerons ainsi notre temps à nous recroqueviller dans tous les sens pour rester allongés. Notre van australien surclassé nous manque …

Nous émergeons malgré tout le lendemain et prenons notre petit déjeuner dehors, grâce à un nouvel équipement que nous découvrons dans notre véhicule : une super table de camping, avec les chaises qui vont avec !

Nous partons ensuite pour le centre-ville de Christchurch direction le Canterbury Museum juste à côté. Nous sommes heureux de commencer notre voyage par ce musée qui raconte à la fois l’histoire du pays, illustrée par de superbes mises en scène, et celle de la faune (disparue ou non), une partie passionnante traitant des expéditions successives en Antartique ainsi qu’une reproduction de la maison d’un couple néo-zélandais ayant décoré les murs de leur maison avec des coquilles de Paua (sorte d’ormeau).

Nous prenons notre déjeuner pique-nique dans le parc voisin, le Christchurch Botanical Garden avant d’en faire la visite. Le parc est fleuri et nous tombons sur des arbres énormes ! La balade est très agréable, même si les paysages ne nous changent pas beaucoup de la maison.

Après le parc, nous prenons finalement un temps pour visiter le modeste centre-ville de Christchurch, où nous pouvons voir une très jolie rue commerçante ainsi que des oeuvres d’art à chaque coin de rue, dont de nombreuses peintes sur les murs. Nous sommes également émus lorsque nous aperçevons la cathédrale de la ville qui fut complètement dévastée par le violent séisme de 2011. Sa reconstruction ou rénovation prendra encore sans doute beaucoup de temps.

L’après-midi étant bien avancée, nous décidons de nous mettre en route pour rejoindre une petite ville à une bonne heure de route de Christchurch où nous avons réservé une activité de rêve pour le lendemain matin, très tôt : Akaroa !

Le trajet est l’occasion pour nous de découvrir nos premiers paysages ruraux sur l’île, et c’est époustouflant. Tout ce vert, les montagnes, les moutons : tout y est ! Il est très difficile de rendre justice à un environnement pareil avec des photos mais nous en avons sélectionné quelques unes malgré tout.

Nous arrivons un peu tard au freecamp d’Akaroa, notamment car nous nous sommes arrêtés pour prendre des photos dès que nous le pouvions, et il n’y a plus de place officielle disponible. Nous ne savons pas quoi faire car nous savons que les amendes peuvent arriver vite et faire mal dans ce pays. Nous prenons malgré tout le risque en restant sur le bon parking mais en nous garant à un endroit où on essaie de gêner le moins possible.

En sortant du véhicule, nous faisons la connaissance de “Pépé”, un français voyageant seul depuis 1 mois dans le pays (sur 2, puis 2 mois en Tasmanie supplémentaires prévus) avec qui nous échangeons nos expériences. Apparemment, le temps de ces dernières semaines a été pourri et cela empêche de faire certains spots majeurs de l’île. Nous croisons les doigts pour être plus chanceux.

La discussion dure jusqu’à la tombée de la nuit, mais nous n’avons pas mangé ! Nous devons par conséquent manger dans le van, chose qui s’avère peu confortable car celui-ci est trop bas de plafond !

Nous nous réveillons le lendemain tôt pour nous rendre à notre activité matinale : 2h de bateau pour aller observer et nager avec les dauphins Hector, la plus petite espèce de dauphins au monde ayant élu domicile ici-même, dans la baie d’Akaroa.

Nous préparons et avalons rapidement notre petit-déjeuner puis nous mettons en route vers le ponton où se trouve Black Cruise, la seule agence de tourisme habilitée à faire de la nage avec ces dauphins.

Après un petit brieffing, nous récupérons et enfilons nos combinaisons épaisses car l’eau est glacée (rien de tel que l’idée de plonger dans une eau à 13° à 8h du matin !). Nous ne sommes que 8 participants au total mais sommes malgré tout répartis en deux embarcations différentes. Autant dire que nous avons de la place dans le bateau.

Nous prenons le large pendant un rappel des consignes de sécurité et un nouveau brieffing nous indiquant la procédure à suivre pour approcher les mammifères marins : d’abord en repérer à la surface (en cas de doute, attendre 3 minutes correspondant à leur temps d’apnée); ensuite s’en approcher à vitesse modérée; enfin observer leur réaction vis à vis du bateau, ceux-ci s’approchant naturellement s’ils ont envie de jouer ou nous ignorant s’ils sont occupés à manger ou autre. Il faut que les dauphins aient envie de jouer pour que nous puissions les rejoindre dans l’eau. Auquel cas, nous pouvons descendre dans l’eau à tour de rôle et sans faire de trop grandes vagues, car ceci pourrait les faire fuir.

Nous nous mettons donc en quête d’ailerons de dauphin à la surface. Nous détectons rapidement deux individus. L’excitation est à son comble ! Nous dirigeons le bateau dans leur direction mais notre présence ne semble pas les intéresser … Leurs plongeons incessants semblent en effet indiquer qu’ils sont très occupés à manger. Nous passons donc notre chemin un peu frustrés. Mais tout va bien, comme nous indique notre guide, car nous avons encore l’essentiel de notre temps de navigation disponible.

Malheureusement, la situation ne s’arrange pas l’heure suivante. Nous avons déjà du mal à observer des ailerons à la surface, avec plusieurs fausses alertes, et les quelques groupes que nous détectons semblent se désintéresser complètement du bateau. Au fur et à mesure que le temps passe, notre guide ainsi que le capitaine nous disent que c’est une situation très rare et qu’ils ne comprennent pas ce qu’il se passe. Nous commençons à perdre espoir : non seulement nous ne nageons pas avec les dauphins, mais nous ne pouvons même pas dire que nous en avons réellement vus ! Nous essayons de nous remotiver la seconde heure, mais les résultats ne seront pas meilleurs. Pourtant, nous avons la chance d’avoir un temps magnifique, ce qui est rare ces dernières semaines dans le pays. Pour augmenter notre frustration, nous apprenons que le second bateau a vu un gros groupe de dauphins et a tenté une immersion de ses participants dans l’eau, ayant cependant entrainé la fuite des mammifères. Eux au moins en ont vus et nous sommes un peu jaloux.

Nous arrivons vers la fin de la croisière et nous savons que nous n’avons plus le temps pour une nage. Notre capitaine nous informe qu’il considère que nous n’avons même pas vu de dauphins (juste des ailerons) et nous dit que nous aurons droit à un remboursement de 50%. C’est appréciable mais une maigre consolation pour une activité que nous ne serons pas en mesure de refaire de sitôt !

Juste avant le retour, notre capitaine voit un attroupement de bateaux autour d’une zone et décide de s’en approcher. Nous pouvons enfin voir quelques dauphins nager dans la zone sans fuir ! C’est assez bref, mais nous avons capturé un peu de ce moment en vidéo.

Nous devons malheureusement quitter rapidement la zone pour revenir au port, notre temps de croisière touchant à sa fin. Nos combinaisons sont tristement sèches lorsque nous les retirons et nous sommes déçus de cette matinée. Nous récupérons notre remboursement de 50% et quittons Black Cruise qui a le professionalisme de prévenir les participants des sessions suivantes que les dauphins ne semblent pas très actifs aujourd’hui, mais insiste sur le fait que cela n’arrive pratiquement jamais. De notre côté, avec notre seule expérience du jour, nous ne savons pas quoi en penser mais espérons que ce ne soit qu’un coup du sort.

Nous retournons à notre van pour déjeuner et faire une sieste pour compenser une nuit assez courte et toujours inconfortable ! Nous allons ensuite visiter un peu la ville dont le bref passé colonial français est bien visible.

Nous faisons ensuite un peu de ravitaillement et tentons de planifier la suite. Les prévisions météo nous indiquent que des vents à 90 km/h sont à prévoir les jours suivants dans le Sud ! Ne connaîssant encore pas bien le pays, nous demandons aux agents de l’office du tourisme local de nous donner leur avis sur les visites possibles dans ces conditions. Nous projetions en effet de partir en montagne. Demi-réponse : notre véhicule étant léger, sans grosse prise au vent, nous pouvons vraisemblablement quitter la péninsule de Banks où se trouve Akaroa pour rejoindre le continent. Avec le Juicy, ça aurait été plus compliqué.

Nous retournons donc au parking pour récupérer le van, puis entammons le départ d’Akaroa. Mais c’était sans compter un étrange grincement provenant des roues alors que le véhicule avance. Nous refaisons quelques mètres pour voir si le problème disparaît de lui-même mais ce n’est malheureusement pas le cas. Quoique, de façon indirecte : le son attire plusiers personnes dans les environs dont deux locaux plutôt balèzes en mécanique (dont un ancien mécanicien de métier) passant leur soirée dans le skatepark situé à deux pas. Après plusieurs dizaines de minutes, ceux-ci arrivent à trouver le problème et à le résoudre : un caillou bien coincé dans la roue et frottant lorsque cette dernière tourne ! Le caillou sera suffisamment bien coincé pour que le démontage de la roue soit nécessaire.

Sur le conseil du mécano de métier, nous bousculons nos plans et restons une nuit de plus à Akaroa afin de vérifier dès le lendemain le serrage de la roue chez un professionnel outillé. Nous terminons donc la soirée par l’achat de bières en remerciement des services rendus et à discuter de la vie en Nouvelle-Zélande tous ensembles.

Nous nous réveillons le lendemain dans le freecamp de la veille. Nous traînons le matin car nous prenons notre petit déjeuner avec Pierre, un français rencontré pendant l’épisode mécanique de la veille et ayant vécu 1 an en Nouvelle-Zélande.

Nous prenons ensuite la direction du garage de la ville pour vérifier le serrage de la roue. L’opération est pliée en 2 minutes et nous sommes prêts pour reprendre la route. Nous faisons un dernier arrêt dans une “french bakery”, une boulangerie française, curieux de voir si une ville à l’histoire française peut proposer du pain correct. Nous sommes agréablement surpris d’y trouver de VRAIES baguettes et en achetons une sans hésiter. Après plusieurs semaines à manger du pain de mie, ça fait vraiment plaisir !

Nous quittons Akaroa en début d’après-midi et faisons cap sur le lac Tekapo, connu pour ses rives borées de lupins et pour sa magnifique couleur turquoise. Des voyageurs rencontrés le premier soir nous ont affirmé que cela avait été un immanquable de leur séjour et nous avons hâte de voir ça.

À très vite !

PS : toujours les cartes