Après un séjour plutôt paisible à Pushkar (cf. Article précédent), nous avons embarqué dans ce qui semble être le bus magique de l’enfer, à l’ambiance bien plus agitée, malgré le fait d’être un bus de nuit avec couchettes …

Sans surprise, la nuit est affreuse. Nous nous réveillons de façon intempestive dans le bus à cause du froid, des multiples secousses (les routes sont pourries et ça nous fait sauter comme des crêpes en permanence) et de l’usage sans discontinuer du klaxon infernal . Nous arrivons tout de même vivants et indemnes à Jaisalmer, ce qui est déjà une victoire. Notre chauffeur hurle à travers le rideau de la couchette pour nous signaler de descendre. Nous sommes crevés et la sortie du bus se fait en mode pilote automatique, les cerveaux n’étant pas complètement rebranchés. Il fait nuit et plusieurs rabatteurs nous proposent leurs services pour rejoindre le centre-ville. Yoann et Sarah, qui sont descendus en même temps que nous, se sont fait approcher par un mec leur proposant un trajet gratuit compris dans le billet de bus. Ça sent l’entourloupe mais la fatigue décide à notre place. Nous le suivons !

Le voyage n’est pas long du tout et nous sommes déposés devant … un hôtel ! Tiens donc ! Nous comprenons un peu mieux la navette gratuite. Jaisalmer, ville accolée au désert du Thar, est connue pour ses randonnées en dromadaire, et le chauffeur de notre navette nous propose d’écouter une offre commerciale pour partir en randonnée le jour même, sans engagement. Nous acceptons, au moins par politesse. Si c’est la seule contrepartie de la navette, nous sommes bien tombés ! Nous nous attendons à ce que les prix soient bien trop élevés en revanche pour l’activité.

Petite technique de séduction pour commencer la tentative de vente : ils nous offrent du thé, très agréable avant 6h du matin dans un territoire désertique où la nuit n’est pas du tout clémente. Malheureusement pour eux, les prestations proposées et les prix pour aller dans le désert ne nous conviennent pas du tout. Fiers de notre maigre expérience en Inde, nous avons appris à nous renseigner avant de venir et nous avons une idée des prix. Nous leur disons gentiment que nous ne sommes pas intéressés et nous préparons à entamer un périple en ville de très bon matin alors que l’aube pointe son nez. Chaque couple part alors dans sa propre direction.

Nous tentons alors désespérément de trouver un restaurant ouvert pour le petit déjeuner mais c’est peine perdue à cette heure. Tous les endroits connus sur le net pour leur qualité sont fermés et nous atterrissons finalement sur le rooftop d’un hôtel où se trouve un restaurant, le seul endroit disponible. C’est l’heure dorée, et la cité se dévoile dans toute sa splendeur.

Nous prenons notre temps (car nous en avons plein) avant que les agences pour les randonnées dans le désert n’ouvrent. Nous finissons par nous lancer à arpenter les rues en quête de l’expédition parfaite. Des recherches en ligne nous aident à trier un petit peu, notamment en termes de sérieux des agences et de prix. Nous finissons par trouver un premier établissement d’intérêt … où nous retrouvons Yohan et Clara par pur hasard ! Problème : le lieu est fermé, personne autour n’étant capable de nous dire où est le gérant. Yohan décide alors de dégainer son téléphone pour en savoir plus et obtient une promesse du gérant de venir “bientôt”, intéressés car nous sommes 4 clients potentiels. Malgré tout, l’homme se fait trop attendre et nous décidons tous les 4 de rejoindre une autre agence repérée en ligne à deux pas. Cette fois, c’est ouvert, et nous nous installons rapidement dans le bureau pour obtenir les détails du déroulé du safari et obtenir le prix. Tout nous convient et nous décidons de faire affaire ici, après avoir péniblement réussi à négocier 50 roupies par personne pour la forme (moins d’un euro …) en argumentant le fait que nous soyons 4 ! Forcément, l’autre agence rappelle Yohan pile quand nous commençons à négocier, nous offrant un petit moment de doute que nous finissons par ignorer au profit des négociations en cours … Dernier souci en cette fin de matinée : pas de cash pour payer, et bien entendu pas d’appareil à carte fonctionnel dans la boutique … Incredible India, comme dit la pub ! Nous avons jusqu’au début d’après-midi pour trouver un distributeur fonctionnel. Petit coup de stress, quand on voit l’épisode difficile à Pushkar pour trouver des espèces.

Nous en trouvons un assez vite, à notre grande surprise. Mieux : il n’est ni planté, ni à cours de billets, et il supporte notre carte bancaire. Magnifique ! À côté de nous, plusieurs personnes ont l’air de zoner et l’un d’entre eux, Lala, engage la discussion. Nous nous demandons tout de suite ce qu’il nous veut, mais jouons le jeu. Au bout d’un moment, nous comprenons qu’il cuisine dans le restaurant situé juste derrière et nous propose d’y prendre notre repas et d’admirer une très belle vue depuis le toit. Nous prenons sa carte mais ne nous engageons pas et décidons de nous éloigner en direction de quelque point d’intérêt touristique.

Cela nous laisse le temps au moins de vérifier les avis de l’établissement sur le moteur de recherche le plus connu. Nous avons peu de temps et l’établissement semble avoir des bonnes notes, même si les dates des seuls avis disponibles trahit une ouverture très récente. Nous revenons donc à la grande surprise de Lala et commandons depuis le toit qui offre effectivement une belle vue sur les environs. Nous passons un agréable déjeuner. La nourriture est bonne mais ne soulève pas de coup de cœur comme à Pushkar.

Il est l’heure de retourner à l’agence pour payer et nous préparer pour le début du safari. Nous attendons un petit peu et nous demandons si tout va bien lorsque le petit retard habituel est agrémenté de discussions mouvementées entre les personnes du staff devant l’agence. Mais apparemment, rien d’anormal ici. Assez vite, un homme nous demande de le suivre pour un petit périple dans les rues voisines jusqu’à une Jeep qui nous emmène hors de la ville. En chemin, nous assistons à une leçon de conduite à l’indienne, avec création de nouvelles voies à la volée lorsque le trafic bloque (des bouchons en plein désert !), la direction d’une voie n’étant pas clairement définie et changeant au besoin.

Ce premier voyage nous amène à une oasis du désert du Thar, utilisée par (et très importante pour) une dizaine de villages regroupant de 300 à 500 personnes. Nous apprenons que lorsque l’oasis est plein, notamment après une période pluvieuse, le lac peut satisfaire leurs besoins pour 10 à 15 ans ! Bel exemple de gestion efficiente des ressources ! Malheureusement, les moussons des dernières années ont été plutôt pauvres et le lac est à un niveau dangereusement bas.

Alors que nous admirons la source, nous apercevons des tracteurs venant récupérer un peu d’eau. Une extraction coûte apparemment 5000 roupies aux familles qui se mettent à 4 foyers pour payer et partager l’eau du tracteur. Cette eau leur suffit pour plusieurs jours. Notre guide nous précise bien, comme une sorte de clin d’œil à peine dissimulé de pays « en voie de développement » à pays développé, qu’ils n’utilisent pas autant d’eau que nous pour que ça leur dure si longtemps. Nous avions compris mais ça fait assurément réfléchir !

Nous reprenons la Jeep pour nous enfoncer un peu dans le désert et rejoindre un fort abandonné et un village détruit fantôme. La vue est sympa depuis le fort. Malheureusement, le guide nous donne peu d’explications. Le fort aurait été abandonné suite au remplacement des dromadaires par les bateaux pour les trajets sur la route de la soie, l’endroit servant à l’époque d’étape intermédiaire pour les chameliers.

Nous reprenons une dernière fois la Jeep pour quelques kilomètres, le temps de rejoindre la zone où nous attendent les dromadaires. Nous laissons nos affaires dans le véhicule, nous couvrons pour nous protéger du soleil, puis montons sur nos montures respectives. Le passage de la position assise à la position debout des dromadaires est très impressionnant pour nous car cela passe par une phase intermédiaire où l’animal a uniquement ses deux pattes avant levées, penchant énormément la monture vers l’arrière. Une sorte de mini-rodéo du désert ! La plupart des bêtes sont attachées en caravanes de trois individus, chacune étant guidée à la main par un chamelier, mais Anthony a la chance d’être autonome en possédant ses propres rennes et devra donc « conduire » son dromadaire lui-même.

Nous voici en route dans le désert du Thar sur nos dromadaires ! Les animaux sont très disciplinés et suivent leurs maîtres. Même le dromadaire sur lequel se trouve Anthony, en conduite autonome, suit le mouvement. Nous voyageons pendant plusieurs kilomètres sur une partie de désert caillouteux, le désert du Thar n’étant pas un désert de dunes de sables à pertes de vue comme son cousin du Sahara.

Nos chameliers sont au sol et tiennent chacun une bride dirigeant un groupe de 2 ou 3 copains à bosse. Nous échangeons un peu avec eux mais avons quelques difficultés à avoir de vraies conversations, leur anglais étant assez basique et notre hindi inexistant. Nous voyons également les chameaux interagir les uns avec les autres, notamment lorsque les groupes se rapprochent. Chose étrange, nous assistons au bout d’un moment à un déferlement de bruits peu ragoutants alors que des sortes de sacs rougeâtres (comme leur langue, mais en fait non) sont expulsées de leurs bouches n’importe comment, nous offrant par la même des images assez moches. C’est … particulier ! Nous n’arrivons pas à demander à nos guides à quoi correspond ce comportement. On dirait qu’ils ont décidé de bugger. Après quelques recherches, les dromadaires blatéraient, comportement apparaissant en période de rut pour intimider les autres mâles. Les sacs rougeâtres seraient apparemment le voile de leur palais qu’ils arrivent à décoller pour faire ce bruit … Glam !

Film : Banzai, réalisé par Claude Zidi, 1983

Nous finissons par arriver sur une partie d’abord légèrement sablonneuse avant d’apercevoir nos premières dunes ! Au bout d’un moment, nous sommes complètement entourés de dunes, ce qui nous permet de nous croire l’espace de quelques secondes dans les déserts des contes des mille et une nuits. L’effet est d’autant plus grandiose que le soleil commence à bien baisser et offre ses premières lumières orangées.

Nous arrêtons notre périple au milieu de ces dunes. La descente des dromadaires est aussi impressionnante que la montée, mais nous sommes cette fois prévenus et prenons nos précautions. Nous remercions nos montures en faisant quelques caresses aux moins farouches d’entre eux. Le dromadaire autonome d’Anthony semble en revanche trop fier pour se laisser toucher autre chose que le flanc. Rencontre manquée pour ce binôme pourtant si libre et insouciant pendant la randonnée ! Instant tristesse …

Nous sommes invités à admirer un coucher de soleil époustouflant sur l’une des dunes tandis que nos guides préparent le campement. Ils nous apportent rapidement un masala chai fait sur place dans une marmite chauffée au feu de bois ainsi que des couvertures. Autant dire, le grand luxe ! Nous nous sentons agréablement bien malgré les températures plongeant depuis que le soleil n’est plus haut dans le ciel.

Nous avons le temps d’admirer le coucher de soleil au complet et il fait nuit lorsque nos guides nous invitent à rejoindre le feu de camp qu’ils ont préparé pour nous. Ils nous apportent alors des assiettes qu’ils remplissent de mets simples mais très bien exécutés : soupe de lentilles (dhal), légumes aux épices (mixed vegetables), pains plats (chapatis), riz, ainsi que du chutney. La nourriture est excellente et en quantité. Nous sommes resservis comme des rois.

Nous traînons à discuter avec Yohan et Clara, ainsi que 2 israéliennes, 2 australiennes et 2 polonais ayant fait le voyage avec nous. Nous finissons la soirée entre français et israéliennes, les deux autres couples ne passant pas la nuit sur place. L’occasion pour nous de partager du gâteau de noël de Sue offert à Melbourne que nous n’avons pas encore terminé.

Nous finissons cette journée bien chargée et nous dirigeons vers nos lits de fortune installés sur une bâche recouvrant le sable. Les matelas sont spartiates mais nous avons le droit à 4 couvertures chacun, auxquelles nos guides viennent même ajouter les couvertures des dromadaires. Nous admirons les milliards d’étoiles comme nous ne les avons jamais vues dans nos lits chauds alors que le vent nous caresse le visage. Cette expérience est unique et inoubliable ! Nous sommes heureux d’avoir choisi de dormir ici.

Nous nous réveillons avec le lever du soleil, après avoir eu froid au visage et à la tête durant la nuit, nous provoquant quelques réveils intempestifs. C’est dingue ce que les températures peuvent varier entre les deux extrêmes. Nous étions bien entendu au courant, mais le vivre est quelque chose d’assez déroutant. Le vent est froid et très présent au réveil et nous rechignons à quitter la chaleur de nos couvertures. Anthony tente malgré tout une sortie pour raisons pressantes et va s’isoler derrière une dune … avant de s’apercevoir qu’un des dromadaires le regarde de loin en ruminant tranquillement ! Moment très bizarre !

Nos hôtes nous apportent très vite un masala chai super chaud au lit, ce qui est bienvenu. Il y a même largement de quoi nous resservir, ce que nous nous empressons de faire pour continuer de nous réchauffer. Une fois tout le monde réveillé, un petit déjeuner continental nous est servi avec des toasts cuits au feu de bois, confiture, bananes, clémentines et œufs durs cuits sur place. Un régal encore une fois luxueux en plein désert. Nous réalisons alors que nos hôtes restent en tenue très légère toute la journée, même un matin aussi venteux qu’aujourd’hui ! Badasses !

Nous rassemblons nos affaires. Un des guides doit reprendre la Jeep pour nous récupérer après notre retour en dromadaire, mais celle-ci ne veut pas démarrer car il fait trop froid. Petit sport du matin : nous aidons l’équipe à pousser le véhicule pour qu’il redémarre ! Nous prenons une photo tous ensembles avec l’équipe et les dromadaires, puis remontons en selle pour entamer notre retour.

Le retour est plus difficile que l’aller. Non seulement, nous avons mal aux fesses après la chevauchée de la veille, mais en plus, nos dromadaires sont poussés au trot … Nous tentons de limiter la casse en faisant du trot enlevé mais un des chameliers nous dit que ce n’est pas un cheval et qu’il ne faut pas faire ça … Aïe aïe aïe ! Anthony est content d’arriver au bout et de voir la Jeep apparaître à l’horizon, Marine ayant l’habitude à cheval. Nous profitons d’un dernier moment avec les animaux couchés, Marine pouvant faire un câlin avec sa monture tandis que celle d’Anthony est malheureusement toujours aussi farouche et empêche ne serait-ce qu’une gratouille sur le nez … Tristesse, épisode 2 !

Nous rentrons à Jaisalmer en Jeep et retournons à notre point de départ devant l’agence de voyage.

Pour la première fois, nous n’avons pas de logement pour le soir même alors que nous sommes déjà en ville. Nous nous mettons donc en quête d’un endroit pour ne pas dormir dehors ! Le premier lieu que nous repérons a l’air super mais en allant sur place nous constatons qu’il est plein. Le propriétaire de cet endroit, dénommé « Tofu », propose de nous aider à chercher un autre hébergement sur le net. Nous en repérons un qu’il estime convenable à prix très attractif et à deux pas. Il nous suggère de réserver la chambre puis d’y aller. Encore un peu naïfs, nous décidons d’y aller sans réserver pour négocier un prix sans commission du site internet. Grave erreur ! Nous allons voir un nouvel aspect de l’arnaque à l’indienne. En effet, nous arrivons dans l’établissement en montrant l’offre sur notre téléphone. La personne présente n’est apparemment pas le gérant et elle nous emmène sur le toit pour nous offrir un thé. Il nous dit alors que le prix est de 4000 roupies pour une chambre, soit au moins 5 fois plus que l’offre que nous avons vue. Nous lui montrons une nouvelle fois l’offre sur l’application et il nous répond qu’il va appeler son manager. Il revient alors en nous disant que ce n’est pas possible de faire ce prix. Nous nous apprêtons alors à réserver directement en ligne … mais l’offre a tout bonnement et magiquement disparue ! Bien entendu, nous ne succombons pas au chantage et ressortons aussi vite de l’établissement malhonnête. En revenant près de « Tofu », celui-ci nous sermonne lorsque nous lui expliquons notre mode opératoire, jugeant que c’était très prévisible. Malgré tout, il finit par nous proposer de rester dormir sur le toit si nous ne trouvons pas d’hôtel correct dans notre budget. Sympa mais nous refusons.

Nous finissons par trouver une nouvelle offre sur le même site mais un autre hôtel. Cette fois, hors de question de se faire avoir : nous réservons sur le site et l’hôtel devra bien lâcher une partie de ses profits pour l’intermédiaire. Dommage pour eux mais ras le bol … L’hôtel se trouve à plus d’un kilomètre, dans le fort de Jaisalmer. Nous y allons gaiement mais la joie retombe rapidement quand nous découvrons ce sac de nouilles que forment les rues du fort. Nous tentons par quatre ou cinq itinéraires différents d’aller à l’adresse donnée, sans succès. Les applications de cartographie que nous possédons sont larguées et semblent posséder un tracé très approximatif des routes. En outre, de nombreuses « portes » de rues semblent fermées et celles-ci ne sont pas indiquées sur les cartes. À chaque tentative, de nombreux commerçants et autres curieux nous proposent leur aide mais nous ne sommes pas vraiment fans de l’idée d’être aidés dans ces conditions, au vu de notre expérience dans le pays jusqu’ici. Nous capitulons quand même au bout de la cinquième tentative et sommes surpris de recevoir une information correcte de la part de notre interlocuteur. Nous trouvons enfin l’hôtel dans une ruelle un peu à l’écart !

Nous arrivons comme des fleurs devant le gérant de l’hôtel qui nous informe que nous avons uniquement réservé une chambre simple et qu’il n’a plus de chambre double … Oups ! Nous lui demandons s’il peut faire quelque chose et il accepte gentiment de nous filer une chambre qui n’est pas au catalogue, dans un autre bâtiment. La chambre fait un peu peur, ambiance troglodyte , mais semble relativement propre et possède des prises. On n’en demande pas plus dans ce genre de cas. Nous laissons nos affaires, verrouillons difficilement la porte antique en l’attachant (encore entrouverte) avec un énorme cadenas. Epique !

Objectif resto ! Nous en trouvons un tibétain, bien noté en ligne, dans l’enceinte du fort. Nous avons encore faim après le repas alors que nous avons pris un menu classique selon le serveur. Ça ne mange visiblement pas grand-chose un tibétain !

Nous cherchons ensuite un endroit pour réserver notre train du lendemain, la gare étant un peu difficile d’accès d’où nous sommes. Plusieurs personnes nous informent qu’il n’est pas nécessaire de réserver ce train car il y a plein de place. Nous sommes un peu sceptiques … En sortant de notre hôtel pour malgré tout trouver une agence pour le train, un vendeur de patchworks nous alpague et nous emmène de façon très progressive vers l’intérieur de son magasin, malgré notre méfiance latente. Il est fort ! Marine va même jusqu’à lui en acheter un ! Très fort !

Le soleil est dans son heure dorée et nous décidons d’arpenter les remparts du fort pour profiter au mieux des lumières du soleil couchant sur la ville.

Sur le retour vers l’hôtel, nous rencontrons un marchand local avec qui nous discutons pas mal de temps des différences de culture entre l’Inde et la France. Notre interlocuteur nous conduit mine de rien dans la boutique de son « frère » où nous continuons à discuter. Bien entendu, il nous amène à considérer un achat. Marine prospecte un peu mais ne conclut pas. Nous commençons à comprendre que sympathisation et marchandage sont liés en Inde et qu’il est possible que certaines personnes apprécient honnêtement nos échanges, même sans retombée financière. Au moins parce que ça occupe !

Nous finissons la soirée par acheter quelques épices chez un marchand spécialisé qui répond à toutes nos questions et nous permet de gagner des connaissances dans le domaine pour briller en société. Saviez-vous par exemple qu’il existait plusieurs types de cannelle ?

Nous prenons également quelques photos de nuit dans le fort désormais joliment éclairé avant de retourner manger puis dormir à notre hôtel.

Nous nous réveillons très tôt le lendemain à 5h30 après avoir entendu pas mal de personnes parler durant une partie de la nuit dans la pièce séparant notre chambre de la rue. Nous rempaquetons nos affaires et quittons nos quartiers, en prenant soin d’enjamber plusieurs personnes dormant à même le sol dans des couvertures dans cette fameuse pièce mitoyenne. Nous réalisons qu’il s’agit peut-être du personnel de l’hôtel à qui nous avons piqué la chambre d’appoint hors catalogue …

Une fois dehors, nous marchons vers la gare de nuit. Nous passons devant des rickshaws qui nous demandent 200 roupies pour y aller, ce qui nous paraît délirant. Nous proposons 20 roupies qui ne sont bien entendus pas acceptés, ce qui nous amène à continuer notre route en marchant. Arrivés à l’entrée du fort, un rickshaw nous rattrape … pour nous proposer toujours le même prix ! Nous lui proposons 50 roupies, et il accepte ce prix par personne, une technique d’embrouille bien connue. Nous insistons pour un prix de 50 roupies global mais il refuse. Nous continuons donc notre chemin à pied, mais pas longtemps car le chauffeur revient à la charge pour nous demander le prix que l’on souhaiterait payer. Nous répétons notre proposition à 50 roupies pour 2 et il accepte enfin.

Nous arrivons vite à la gare, prenons directement nos tickets au comptoir pour 210 roupies en classe populaire 2S. Nous attendons sur le quai notre train qui semble déjà là. Marine va chercher des très bons masala chai au vendeur ambulant de la gare. Anthony demande à un indien dans quelle voiture nous sommes censés aller, le billet étant incompréhensible à ce sujet, et il nous emmène au bon endroit. Nous sympathisons un peu avec lui et sa fille puis allons nous installer dans le train sur un banc encore libre. Alors que le train s’apprête à partir, nous sommes invités à nous joindre à lui, sa femme, ainsi que son frère et son épouse, plus les trois enfants des 2 couples, dans leur compartiment. Nous apprenons qu’ils vont comme nous à Jodhpur. Nous échangeons nos numéros, envoyons des photos prises sur place, montrons des photos de notre voyage en Australie et en Nouvelle-Zélande, et faisons des high-five avec les enfants.

Nous échangeons sur nos modes de vie respectifs et sommes surpris de devoir répondre à la question « votre couple est-il basé sur l’amour ? », et sommes rattrapés par la réalité du mariage arrangé très majoritaire encore aujourd‘hui dans le pays. Enfin, alors qu’ils semblent très modestes, ils nous offrent plein de nourriture de leurs stocks de voyage. Ils vont même jusqu’à aller nous chercher des masala chai sur le quai qu’ils paient ! Nous avons en plus droit de partager leurs grosses couvertures pour lutter contre le froid de si bon matin ! Nous sommes très touchés par cette rencontre authentique qui nous manquait depuis le début de notre arrivée dans le pays.

Le train ne tardera pas à arriver à Jodhpur où nous ferons encore une belle rencontre, en sympathisant avec un marchand de street food au point d’être invités chez lui. Nous profiterons également de celle que l’on surnomme « la ville bleue » pour ses quartiers aux maisons indigo ainsi que ses monuments historiques, propices à de superbes photos. Mais il va falloir patienter jusqu’au prochain article pour cela !

PS : les cartes, au trot s’il vous plait !