Suite à nos pérégrinations à Agra et son Taj Mahal, ainsi qu’une première expérience de tourista dont nous nous serions bien passés (cf. Article précédent), nous sommes montés dans un train de nuit, direction Varanasi, nous faisant traverser l’Inde d’Ouest en Est et quitter l’état du Rajasthan dans lequel nous avions passé tout notre séjour indien jusqu’ici.

La nuit dans le train est difficile. Nous tentons de nous coucher dès notre montée vers 21h afin d’avoir suffisamment dormi lors de notre arrivée à 5h du matin. Malheureusement, ce n’est pas si simple et la nuit tourne au fiasco. Marine, comme à son habitude, a un sommeil très morcelé avec ce niveau de confort. Anthony quant à lui allait s’endormir d’un sommeil de plomb … avant d’apercevoir un cafard progresser vers lui en longeant la paroi du train ! Ni une, ni deux, l’assaillant est repoussé à coup de flash de téléphone alors que le train est plongé dans une étrange lumière bleutée pour la nuit. Mais il va maintenant falloir monter la garde pour éviter qu’il ne revienne, laissant peu de place au sommeil qui finit toutefois par l’emporter, peu de temps avant d’arriver …

L’alarme sonne le glas de cette courte trêve à 4h, mais il est trop difficile de se mettre en mouvement. Deuxième salve à 4h20, toujours rien. Puis 4h40, le train ralentit. Il va vraiment falloir y aller. Dernier report à 4h50. Maintenant, pas le choix, il faut se faire violence. Nous descendons des lits, remettons nos chaussures la tête dans le gaz et sortons péniblement avec nos sacs sur le dos. Nous posons le pied avec succès sur le quai. Il fait nuit, et nous rêvons de retourner nous coucher. Une petite pensée pour le cafard qui doit se trouver bien seul maintenant …

Nous tentons de réserver un chauffeur VTC malgré l’heure avant de sortir de la gare pour éviter le harcèlement des rickshaws. Nous nous mettons au point de prise en charge mais la voiture semble ne toujours pas bouger après plusieurs minutes d’attente. Elle n’est pourtant pas loin ! Après hésitation, nous décidons de la rejoindre. La plaque d’immatriculation n’est pas bien renseignée sur l’appli mais nous finissons par en trouver une ressemblante sur une voiture juste devant nous. En regardant de plus près, nous voyons le chauffeur en train de dormir à l’avant. Marine appelle le numéro sur l’appli pour vérifier que c’est le bon véhicule et le téléphone du jeune homme s’allume effectivement ! Pas besoin de marteler la vitre, il se réveille enfin !

Il nous prend pour la course et nous emmène jusqu’où il peut, notre guest house étant inaccessible en voiture. Nous finissons donc à pied dans les ruelles étroites et mal éclairées. Nous nous perdons un peu mais arrivons finalement à bon port.

Il n’est même pas 6h du matin quand nous essayons de rentrer, mais la porte est fermée ! Nous sommes bloqués dehors de nuit dans les ruelles de Varanasi, non loin de plusieurs chiens errants. Autant dire que ce n’est pas l’ambiance de l’année ! Heureusement, nos tentatives pour ouvrir la porte suffisent à réveiller un homme dormant à côté de la réception. Il ouvre la porte et nous tentons de lui expliquer que nous souhaiterions nous poser car la ville est plutôt morte à cette heure (et surtout parce que nous sommes terriblement fatigués). Très sympa, il nous propose de faire directement le check-in car une chambre est disponible ! Nous pouvons rester dans notre chambre pour cette demie-nuit et en profitons pour rattraper une partie du sommeil perdu. Nous nous réveillons à 10h et partons explorer la ville.

Nous prenons la direction du Gange puis entamons le chemin des ghâts, ces escaliers descendant jusque dans l’eau que nous avions déjà pu voir à Pushkar. Nous faisons la partie Sud jusqu’à la limite indiquée par notre guide papier : Assi Ghât. Nous prenons plein de photos sympas, bluffés par toute cette vie près du fleuve : de nombreux personnages hauts en couleurs (les brahmanes ?), des temples et leurs fidèles, du linge à sécher, des gens qui se lavent, des chèvres, vaches et singes … Autant dire que nous ne nous ennuyons pas !

De nombreux rabatteurs nous proposent de faire du bateau (nous entendons « boat ? boat ? boat ? » presque en permanence) mais nous refusons.

Nous voyons des buchers près de certains ghâts et suspectons à un moment que ce soit à des fins crématoires … avant d’en avoir la certitude lorsque Marine aperçoit des pieds dépasser !

Nous refaisons le même chemin en sens inverse, cette fois-ci en lisant au fur et à mesure les informations descriptives sur notre guide qui nous confirme le caractère crématoire de certains ghâts ! Toujours plein de rabatteurs pour le bateau nous alpaguent à coup de « boat » et nous prenons quelques contacts ainsi que quelques tarifs pour plus tard. Nous finissons par rejoindre le ghât proche de notre guest house et remontons vers les ruelles pour trouver un endroit où manger. Aidés par nos hôtes, nous trouvons un endroit avec un très bon rapport qualité-prix et un choix de plats énorme. Nous succombons notamment à leurs Lassis qui s’avèrent excellents.

Nous retournons sur les ghâts pour explorer cette fois-ci la partie au nord de notre guest house. Point majeur de notre périple : le Manikarnaka ghât, le ghât de crémation principal ! Un homme nous force la main pour une visite guidée, avec donation bien entendu (ce que nous trouvons toujours très intrusif) mais ceci s’avère utile car il nous explique pas mal de choses sur la cérémonie. Sur l’insistance du guide, nous passons au milieu de deux buchers et sentons intensément la chaleur qui en provient, renforçant le caractère solennel de cette marche. Nous remontons ensuite vers une zone où nous enjambons presque des formeurs âgés (sdf ?) et d’où nous avons une vue imprenable sur les cérémonies se déroulant plus bas.

Le guide finit bien entendu par nous demander de l’argent (de surcroit une somme bien rondelette), et ce pour acheter du bois pour la crémation des pauvres. Par chance, nous avions lu au sujet de l’achat de bois que c’était une arnaque et nous décidons de faire une donation plus modeste que la somme extravagante demandée !

Nous continuons notre chemin vers le Nord et quittons visiblement les zones les plus populaires car il n’y a presque plus personne. Nous suivons toujours le Gange et sommes ravis de contempler des fresques de rue tout le long des quais. Nous apercevons même des artistes en plein travail avec qui nous échangeons quelques mots.

Nous croisons également des enfants avec leurs cerfs-volants virevoltants.

Nous finissons par quitter le Gange et remontons ensuite vers les ruelles par un passage indiquant qu’un atelier de tissage de soie peut être visité. Nous le cherchons. Sur place, quelqu’un nous accueille en nous invitant dans la partie magasin où de nombreuses étoffes sont soigneusement rangées dans diverses étagères autour d’une zone de tapis centrale où l’on peut confortablement s’installer. Ils ne perdent pas le nord ! Nous insistons pour plutôt voir la manufacture mais elle est malheureusement fermée à cette heure. Le tisserand nous propose de revenir le lendemain et nous prenons rendez-vous.

Nous repartons et cherchons désormais à manger dans la rue dans un stand conseillé par notre guest house. Nous marchons pas mal pour le retrouver mais finissons par mettre la main dessus. Nous testons plusieurs plats appétissants : des chaat, sorte de mixtures variées cuites super bonnes, des pani puri, des sphères craquantes percés à la commande et remplis d’une sauce pimentée, avec une sauce sucrée en prime pour nous (réservée aux occidentaux et aux personnes fragiles pour couper le feu du piment). Nous finissons par prendre un Gulab Jamun, ce si merveilleux beignet baigné dans le sirop de sucre et au bon goût de lait et cardamome. Nous sommes satisfaits de (petit ?) festin et retournons nous poser à notre guest house dans la zone de détente commune.

Nous discutons alors avec un français faisant un long voyage en Inde. Il nous dit qu’il s’apprête à partir pendant 3 semaines dans un ashram, sorte de lieu de retraite zen privilégiant la méditation, le yoga et autres activités permettant de se recentrer sur soi. Il nous parle d’Amma, la gourou (ici le terme n’est pas péjoratif) de l’endroit, qui donne beaucoup d’amour et d’énergie depuis 40 ans et a eu un gros impact pour le droit des femmes dans le pays. Chapeau bas ! C’est sur cette note spirituelle que nous terminons notre journée.

Le lendemain, nous redescendons dans la salle commune où nous attend un agréable petit-déjeuner : bananes, omelette faite minute, pains, beure, confiture ou miel, café ou thé. Le français rencontré la veille est présent mais s’en va quand on arrive, de même qu’un autre résident. Un dernier français est présent et nous entamons une discussion avec lui. Il réside en Autriche et nous parlons des différences culturelles avec la France. La discussion dure un moment et c’est tant mieux car nous ne sommes pas pressés : il fait un temps de chien ! Nous profitons de notre confinement pour demander à nos hôtes de réserver des billets de train pour notre prochain voyage en direction de la frontière népalaise. Comme dans toutes les villes, on nous conseille encore de prendre un bus. Plus aucun doute : les commissions sont définitivement plus intéressantes ! Nous insistons pour prendre le train et la réservation est lancée.

Nous remontons puis mettons de côté les divers cadeaux et objets qui ne nous sont plus utiles et que nous voulons renvoyer par colis en France. Nous voulons profiter de nos derniers jours en Inde pour nous délester. Nous sortons donc et nous dirigeons vers le bureau de poste principal, apparemment le seul depuis lequel il est possible d’envoyer un colis, comme indiqué par notre hôte de la guest house. Petit problème : nous n’avons pas de carton et devons au préalable en trouver un que nous cherchons dans les échoppes du coin. Après plusieurs échecs, nous finissons par nous retrouver dans le grenier d’un mec, emmenés par un autre mec qui pensait bien que ce premier mec avait le bon carton ! Nous remercions le propriétaire du carton et, alors que nous pensons pouvoir repartir avec, nous dit que c’est payant ! Nous avions un peu oublié que tout se monnaie ici ! La question est : pour tous ou uniquement pour les touristes ? Et 30 roupies de moins, 30 !

Nous partons pour le bureau de poste en marchant. Le carton est encombrant et Anthony galère un peu à l’emmener sous la fine pluie qui nous enveloppe depuis que nous sommes dehors. Nous croisons des quartiers remplis de magasins de street food et de pâtisseries ou friandises sucrées. Nous passons également dans un bazar aux magasins en tous genres pour touristes et locaux. La pluie semble avoir réduit leur clientèle et les marchands semblent ainsi plus enthousiastes à notre rencontre. Certains nous demandent également pourquoi nous trimballons un carton, stupéfaits ! Nous sommes contraints au bout d’une grande allée marchande de faire un détour car une grosse file d’attente bloque la rue perpendiculaire ! À en croire les divers objets et colliers de fleurs qu’ils tiennent en attendant patiemment, nous en déduisons que leur destination est un temple, situé non loin de là.

Nous arrivons au rond point où est censé se trouver la poste principale selon notre application, mais nous ne voyons rien. Cela aurait été trop simple que les informations sur internet soient correctes ! Nous demandons d’abord à des locaux qui ne parlent pas anglais et ne nous comprennent pas, puis à un agent de police qui nous dit de marcher plus d’une centaine de mètres pour le trouver. Il pleut et le carton est de plus en plus encombrant. Nous sommes pressés d’arriver.

Enfin devant l’établissement tant convoité, nous galérons à trouver la porte d’entrée. Après un moment, nous réalisons qu’elle est peut-être fermée, alors que nous sommes bien dans les horaires officiels … Il est 13h et nous nous demandons si malgré tout ce ne serait pas la pause déjeuner. Des personnes assises sur des chaises en plastique juste à côté nous donnent la mauvaise nouvelle : la poste est fermée exceptionnellement toute la journée à cause d’une grève du personnel d’une seule journée. Pas de bol ! Nous nous demandons si ce n’est pas une arnaque mais ne voyons pas bien ce qu’ils ont à y gagner … Nous appelons le standard de l’office des postes et on nous dit au téléphone qu’aucune information de grève ne leur est parvenue … Désinformation ou système chaotique ? En tout cas, nous n’arriverons pas à entrer.

Un passant vendeur de cannabis, tentant de nous en refourguer au passage, nous dit qu’il y a une compagnie de poste privée près d’un « golden temple » non loin de là. Nous cherchons dans la direction donnée mais personne sur place ne connaît cette poste. Nous vérifions sur nos téléphones la position d’un « golden temple » et le seul que nous voyons est à 10km de là. Nous abandonnons tristement car nous avons pris assez de kilomètres sous la pluie avec ce maudit carton aujourd’hui. Comme c’est notre dernier jour entier à Varanasi, autant dire que nous n’enverrons pas le colis avant d’arriver au Népal.

Sur le retour, nous nous arrêtons plusieurs fois pour tester des plats de rue aperçus à l’aller, ainsi que pour manger un Gulab Jamun. Nous nous essayons aussi au malaiyo, une crème au safran locale disponible apparemment uniquement en hiver dans la région de Varanasi !

C’est très bon. Mention spéciale également aux barres de pâte de mangue, aux beignets aux épinards ainsi que ceux aux choux-fleurs. Nous tentons finalement de passer chez Baba Lassi que nous avons repéré plus tôt, mais il est momentanément fermé.

Nous retournons à la guest house pour souffler. Le français est encore là et nous reprenons notre discussion précédente. Nous filons également notre carton acheté à prix d’or et désormais trempé en cadeau à la guest house. Nous nous détendons un peu avant de retenter le vendeur de lassi, qui est maintenant plein à craquer ! La plupart des personnes n’étant même pas servies, nous rebroussons chemin et nous faisons alpaguer au retour par un vendeur de lassis concurrent qui a pris l’habitude de nous interpeller à chaque fois que nous passons. Petit retour à la guest house et son réseau wifi (on vous a dit qu’il n’y a pas de réseau dans ces ruelles ?) pour vérifier l’e-reputation du bonhomme : Balu est très bien noté et nous y retournons donc.

Le magasin fait glauque car il n’y a pas d’électricité dans la rue quand nous arrivons, à causes des coupures intempestives du gouvernement. Nous nous demandons si un magasin de lassis lactés sans électricité n’est pas la pire idée que nous ayons eue jusqu’ici mais nous y allons bravement et entrons nous assoir à l’intérieur. Un peu perché, Balu nous propose tout de suite son lassi « spécial », que nous comprenons être un bang lassi (un lassi au cannabis) au bout de quelques instants. Cette proposition dans le noir avec ce type plutôt allumé nous laisse une étrange sensation. Marine lance les hostilités en commandant un lassi grenade. Le produit qu’on lui sert est suspect : le lassi dégouline de façon très épaisse et élastique, comme si c’était de l’extrait de rhume ! C’est peu ragoûtant et Marine hésite à le manger. Sur les encouragements de Balu, qui nous explique que c’est du lait de bufflonne et donc que c’est la texture normale, que c’est le lassi authentique, pas coupé à l’eau contrairement aux autres, que c’est bourré de protéines et que ça va nous rendre forts, elle goûte. Contre toute attente, ce n’est pas mauvais, une fois la texture acceptée. Encouragé par l’expérience de Marine, Anthony commande à son tour un lassi pomme et confirme cette sensation étrange : c’est bon une fois la texture passée.

D’ailleurs, la texture de rhume n’est présente que sur la partie supérieure des lassis qui nous sont servis. Le fond du pot révèle une matière plus agréable et proche d’un fromage blanc ferme, avec un goût plus « terroir ». Nous partons après avoir fini nos desserts qui tiennent très bien au corps. Nous espérons ne pas tomber malade dans les prochains jours avec ce produit cru et à la conservation sans réfrigération constante. Balu tente une dernière fois de nous proposer des space cakes que nous refusons poliment. Direction notre guest house pour nous détendre par ce temps toujours pourri et faire les recherches internet nécessaires pour le périple qui nous attend le lendemain.

En parcourant le net pour vérifier les étapes nécessaires afin de passer la frontière indo-népalaise, nous nous apercevons qu’il nous faut à la fois des dollars pour payer les visas, et des roupies népalaises pour nos premières heures dans le pays, les distributeurs n’étant pas aisément accessibles depuis la frontière ! Nous allons donc devoir repartir de nuit à la recherche d’un bureau de change, le tout étant d’en trouver un bon car beaucoup d’établissements de ce type sont connus pour leurs pratiques douteuses. Par chance, le français avec qui nous avons sympathisé nous affirme qu’il a fait du change près de la guest house et que ça s’est bien passé. Nous prenons donc la décision d’y aller après être allé chercher le cash à changer qui nous fait également défaut, veille de notre départ du pays oblige ! Comme souvent, trouver un distributeur fonctionnel n’est pas une mince affaire mais nous y arrivons. Au bureau de change, nous récupérons environ une centaine de dollars et aux alentours de 4000 roupies népalaises qui ne doivent arriver qu’une heure plus tard. Nous partons manger puis revenons, espérant que la commande sera bien honorée. Tout se passe bien durant la transaction mais nous recomptons tout plusieurs fois, dans le doute. Les billets ont l’air réels mais nous n’y connaissons pas grand-chose. Il n’y a plus qu’à espérer qu’ils le soient pour ne pas se retrouver à faire passer de la monnaie de contrebande entre pays !

De retour à la guest house, nous discutons un peu avec le français puis remontons préparer nos affaires pour le grand départ. Alors que nous essayons de recharger les batteries de nos appareils, voilà qu’elle saute ! Les gérants de la guest house sont au courant et nous disent que l’électricité va revenir dans l’heure. Espérons car nous voudrions recharger nos batteries afin de ne pas être livrés à nous même pour le long périple inter-pays qui nous attend. En attendant, il est tard et devons aller nous coucher pour être en forme à 4h du matin. Au lit !

Nous nous réveillons en trombe à 4h20, après avoir manqué le réveil de 4h. Ça va être sport ! Nous vérifions les téléphones et super nouvelle : l’électricité est revenue dans la nuit, nos appareils sont remplis à bloc. Nous nous empressons de nous habiller avant de quitter la guest house en pleine nuit équipés de nos gros sacs. Notre objectif est de progresser dans les ruelles jusqu’à atteindre une route atteignable en voiture. Nous ne sommes pas toujours sereins, notamment lorsque nous empruntons des ruelles sans éclairage, mais finissons par déboucher sur une voie principale, juste à côté d’un garde armé en faction devant un distributeur de billets. Nous appelons le chauffeur depuis cet endroit qui nous apparaît sécurisé et attendons 10 bonnes minutes en nous disant que nous avons des chances de louper le train pour Gorakhpur, notre première étape dans cette épopée indo-népalaise. Il n’en est rien : nous montons dans le train qui part quelques minutes après notre arrivée pour arriver à 11h10 dans la ville desservie par le train la plus au nord de Varanasi.

Il est encore tôt mais nous savons qu’un long chemin nous attend en bus et nous nous arrêtons manger dans le boui-boui le moins flippant de la zone. La ville étant peu touristique, nous n’avons pas beaucoup d’informations sur notre guide et il faut faire à l’instinct. Marine, malade depuis Agra, prend un riz blanc, et Anthony tente un riz Biriani … qu’il regrette quand il aperçoit toutes ces petites lamelles de piments en embuscade partout dans le plat. Difficiles à trier, il en mange une grande partie, pleure un peu parfois, et capitule avant de terminer. Le petit vieux gérant l’endroit est sympa, nous discutons un peu, et il se marre devant l’épreuve du riz pimenté. Nous lui expliquons tout de même que c’est trop pimenté pour des touristes comme nous, ce qui le surprend car il n’a pas l’habitude que des internationaux viennent jusqu’ici pour passer la frontière terrestre. C’est un trajet majoritairement pris par les locaux.

Nous repartons vers ce qui nous semble être la gare routière que nous cherchons, aidés par nos téléphones aux cartes peu compréhensibles et par quelques locaux. Nous arrivons alors dans une zone énorme remplie de dizaines voire centaines de bus dans des états assez aléatoires, mais au style quasi-identique. Difficile de trouver le bon sans demander à des gens sur place qui ne nous comprennent pas forcément. Nous redemandons donc plusieurs fois à plusieurs personnes pour être sûrs et certains de monter dans le bon véhicule car, il faut le dire, nous sommes au beau milieu de nulle part et sommes officiellement en mode « hors-piste » touristique. Se perdre maintenant, dans une zone aussi populaire et avec des visas expirant le lendemain rendrait la suite assez compliquée ! Nous cessons de douter lorsque nous apercevons un népalais, allant lui-même à la frontière, nous confirmer que le bus que nous cherchons est bien celui qui nous a été indiqué les 2 fois précédentes. Le bus est plein, mais ce n’est apparemment pas important car un autre est déjà prêt. Nous attendons un moment dehors en nous demandant si nous allons pouvoir le prendre car il y a beaucoup de monde avec nous. Mais, tant que le népalais, que nous ne quittons pas du regard, n’est pas parti, nous restons confiants. Au final, nous attendons une bonne vingtaine de minutes, arrivons à monter dans le bus et à avoir de la place pour nos sacs. Ce bus part alors presque instantanément. En route pour la frontière ! Cette fois, c’est la bonne !

Le trajet en bus dans la ruralité nous offre de beaux paysages agrémentés de scènes locales authentiques. Nous sommes partis plus tard que prévu et nous nous demandons si nous pourrons passer les deux immigrations ce soir, l’idée de rester bloquer à la frontière ne nous plaisant pas beaucoup.

Lorsque nous arrivons enfin, le soleil est en train de se coucher. Les locaux dans le bus et dans la rue nous crient de faire demi-tour alors que nous tentons de suivre la foule en direction de la frontière. Ayant pris un bus local, contrairement à la majorité des touristes, nous avons en effet été déposés au plus près de la frontière alors que le bureau de l’immigration pour la sortie du territoire se trouve une bonne centaine de mètres derrière nous. Nous sommes un peu sur nos gardes au début et ne faisons pas confiance à la rumeur grandissant dans la rue à notre égard, continuant ainsi notre chemin. Nous nous résignons lorsque nous voyons un grand panneau indiquer officiellement que le bureau de l’immigration se trouve maintenant à près de 200m derrière nous. Nous laissons s’éloigner toute la foule (nous apprendrons ensuite qu’un accord entre l’Inde et le Népal leur permet de passer la frontière sans formalités à la frontière) et rebroussons péniblement chemin.

Arrivés à l’immigration, nous arrivons devant 2 mecs pas commodes dont l’un nous demande de lui laisser nos passeports une dizaine de minute en attendant dehors. Nous ne sommes pas sereins à l’idée de quitter nos passeports des yeux mais sommes bien obligés de céder. Anthony passera les 10 minutes à épier par la fenêtre le 3ème homme en possession des documents et griffonnant des choses sur un papier à la lecture de ceux-ci. Suspens ! Si nous ne pouvons pas passer la frontière, il sera un peu tard ce soir pour quitter la zone et nous serons à la merci de logements sans doute onéreux, marché captif oblige.

Après une attente insoutenable, nos passeports sont tamponnés ! Nous pouvons et devons quitter le pays illico !

La nuit commence à tomber et il nous reste du chemin pour rejoindre notre première guest house népalaise. L’arrivée promet d’être épique ! En attendant, nous sommes heureux d’entrer dans un pays connu pour son héritage culturel et humaniste, et d’y retrouver Rajani, une amie à qui nous avons donné rendez-vous le lendemain à Lumbini.

Namaste !

PS : Les cartes :